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MADNESS – Can’t Touch Us Now – Lucky Seven Records

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UN PEU D’HISTOIRE : C’est en 1976 sous le nom de The North London Invaders que débute la carrière de MADNESS. Son nom (depuis 79) est inspiré par le grand Prince Buster (RIP) et Madness avait jusqu’à cette année publié onze albums.

Depuis la fin des années 90, le combo de Camden est redevenu très actif, après  une décennie de discrétion. « Wonderful » sort chez Virgin en 1999, et en 2005 Madness enregistre « The Dangermen Sessions Vol 1 », un album de reprises.

« The Liberty Of Norton Folgate » sort en 2009, suivi à l’automne 2012 par « Oui Oui Si Si Ja Ja Da Da », le onzième opus du groupe qui a ces derniers temps pas mal joué en France, de l’Olympia au Trianon en passant par le Zénith et par pas mal de festivals.

Pour son douzième album récemment publié, « Can’t Touch Us Now », le septet est devenu un sextet suite au départ de Cathal Smyth (son membre le plus dispensable) parti tenter une carrière solo.

LE DISQUE : Pour une fois, Madness a réussi l’artwork de son nouvel album après un « Oui Oui Si Si… » visuellement pas folichon. C’est beau, c’est propre, c’est truffé de détails un peu à la « Sgt Pepper », mais côté musique, il faut bien avouer que les premières écoutes de « Can’t touch Us Now » furent plutôt en demi-teinte. Car ce nouvel album ne se laisse assurément pas cueillir avec facilité. A l’image de la pochette, le disque est assez chargé (16 titres quand même) et mérite un certain nombre d’écoutes pour pouvoir être apprécié à sa juste valeur.

Après une chanson titre pas mal à base de peu mieux faire, les six de Camden transforment pourtant un premier essai avec « Good Time », une pop song superbement écrite, impeccablement chantée et finalement pas très madnessienne. Au contraire du single « Mr. Apples » qui suit, et qui est l’un des titres que l’on retient d’emblée, du genre taillé pour être un tube, qu’on pourrait attribuer à Suggs et à ses potes même bourré, même avec les portugaises ensablées, les yeux fermées, le tête das le sable et les doigts de pied en éventail. C’est du Madness garanti 100 % pur nutty sound avec derrière le son de sax de Lee Thompson reconnaissable entre mille.

Sur « I Believe », le groupe se rapproche doucement et avec beaucoup d’efficacité de ses premiers amours jamaïcains, et on se prend à dandiner du cul. C’est encore du réussite, du très classique, mais c’est une réussite quand même, avec une très belle ponctuation de cuivres qui donne du corps, de la prestance à l’ensemble. Et la prod de Clive Langer (pas vraiment un ravi de la crèche) et absolument impeccable. « Grandslam » fait dans le ska à la coule avec son ambiance de western spaghetti à la limite du skinhead reggae que n’aurait pas reniée Lee Perry, et on se dit qu’après près de quarante ans de carrière, ces six-là n’ont rien perdu de leur inspiration. On apprécie comme il se doit « Blackbird » et la très soul « Another Version Of Me », et on applaudit des deux mains à la nostalgique « You Are My Everything », avant de se remettre à danser sur « Mambo Jumbo », un excellent ska au refrain impeccable dans la pure tradition du groupe, taillé pour la scène et pour les amateurs de bretelles et de chaussures orthopédiques.

« Herbert », l’autre single, est une nouvelle réussite où l’on retrouve les fondamentaux du groupe et un Suggs des grands jours. Et si la dernière partie du disque m’avait au départ semblé bancale, je la trouve maintenant (après une bonne dizaine d’écoutes) très équilibrée et parfaitement maîtrisée, de la très soul/rhythm’n’blues « Don’t Leave The Past Behing You » et son armada de cuivres, à la très étrange « (Don’t Let Them) Catch You Crying » que je redécouvre et que j’apprécie de plus en plus à chaque écoute attentive.

La nostalgie est encore de mise sur « Pam The Hawk », un titre de transition un cran en dessous,  mais juste après, « Given The Opportunity », un ska à la Buster Shuffle (groupe très influencé par Madness) est une petite pépite bien comme on aime, avant une « Soul Denying » complexe et superbement travaillée qui mélange avec style plusieurs ambiances et qui a parfois des allures de « Never Knew Your Name », une référence dans le répertoire des Maddies.

Dommage peut-être que le disque se termine par « Whistle In The Dark », à mon avis le morceau le plus faible de « Can’t Touch Us Now », qui ne parvient heureusement pas à ternir l’indéniable impression de réussite qui se dégage de cet album, et qui prouve qu’en 2016, cette vieille équipe de fines gâchettes n’a toujours  pas dit son dernier mot.

Vince

 

 

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