Madness – Oui oui si si ja ja da da (coffret collector) – Lucky Seven
UN PEU D’HISTOIRE : Depuis la sortie de son dernier album (« Oui oui si si ja ja da da ») fin 2012, MADNESS n’a pas chômé. D’abord ils sont montés sur scène, beaucoup, lancés qu’ils étaient pas le jubilée de la reine et par les Jeux olympiques de Londres, et ils ont fait escale à plusieurs reprises en France, d’abord au Trianon en mars, puis à Rouen, et on les attend à Lyon, à Argeles, à Landerneau, à Montauban… Avant un retour à Paris le 13 septembre à l’Olympia. En fait depuis « The Dangermen Sessions » en 2005, on n’a jamais vu autant le groupe de Camden sur les scènes de l’Hexagone.
Et en plus des concerts, le groupe a décidé de publier au printemps 2013, un peu comme il l’avait fait pour « The Liberty Of Norton Folgate » en 2009, un coffret collector qui regroupe trois CD et un DVD. Le programme étant copieux, les fans se sont à juste raison frotté les mains. Il faut dire qu’à l’évidence, cette édition spéciale leur était tout particulièrement destinée…
LE DISQUE : Quatre belles galettes donc, soigneusement emballées dans un coffret/livre assez luxueux, bien illustré de photos des membres du groupe accoutrés comme au carnaval, avec les paroles et (presque) tous les crédits nécessaires pour le fan de base qui veut absolument tout savoir. C’est de la belle ouvrage, même si on aurait aimé pouvoir admirer aussi des photos du groupe en tournée ou en studio (bon c’est vrai, y en a sur le DVD), parce que c’est ça la vraie vie, et que ça aurait été encore mieux si chaque disque avait été glissé dans une petite pochette séparable, avec la tracklist imprimée à l’arrière, beaucoup plus pratique quand on ne veut pas emmener tout le bazar.
On ne revient pas sur le premier CD, constitué de la version officielle de « Oui oui si si ja ja da da », ni plus ni moins.
C’est à partir du deuxième que ça devient intéressant. Très intéressant. Car ce disque regroupe sept titres inédits issus des sessions d’enregistrement du dernier album, et des versions alternatives. A priori, je me disais que ça risquait de ne pas être passionnant, et que si les morceaux n’avaient pas été retenus pour l’album officiel, c’est qu’il y avait une raison. Sauf que tous les inédits sont recommandables, et que certains, comme « 1978 », « Crying », « Big Time Sister » ou « Oh My Love » sont même tout bonnement indispensables. Un tel niveau de qualité sur des « chutes », c’est à se demander comment ils font, et surtout pourquoi ils ont choisi de garder deux versions de « My Girl 2 » pour le disque officiel alors qu’ils avaient de telles pépites en réserve.
Quant aux quatre « misfit mixes » qui suivent, ils auraient pu tomber à plat mais c’est justement le contraire qui arrive, et les voilà qui abordent les originaux sous un angle nouveau, leur donnant une texture inédite, une allure qu’on ne soupçonnait pas, et leur faisant parfois emprunter des chemins de traverse pour notre plus grand plaisir. Prenez par exemple « Never Knew Your Name », chef d’oeuvre de « Oui oui si si… », et vous constaterez qu’avec ce mixage alternatif, Madness lui donne un supplément de modernité, comme si la chanson avait été produite par un Benjamin Biolay des grands jours. Et pour ce qui est des versions démo qui finissent le disque, on oscille entre l’intéressant et le très bon, et on comprend mieux la profondeur et la complexité du processus de création.
Le troisième disque est un live enregistré le 23 novembre 2012 lors de la dernière édition du House of Fun Weekender, grosse teuf de trois jours organisée chaque année depuis 2011 autour de Madness, avec des tas d’invités très cool (Buster Shuffle, The Skints, Lee Thompson Ska Orchestra…) et des DJs en pagaille. L’enregistrement est essentiellement consacré à « Oui oui si si.. » qui venait juste de sortir, et malheureusement, la petite forme vocale de Suggs ce soir-là ne permet pas au disque d’atteindre des sommets, même si dans l’ensemble on passe un vrai bon moment, avec un clin d’oeil à Ian Dury et son cultissime « Sex and Drugs and Rock’n’roll », et le gros délire de Chris Foreman sur « Fight For Your Right To Party » des Beasty Boys ». Et comme ça se termine par « It Must Be Love », on dit banco, franco !
Le DVD lui, est un enregistrement du House Of Fun Weekender de 2011 (le 25/11/11 précisément), un an avant la sortie de « Oui oui si si… », et pourtant composé à 95 % de titres de cet album. Les morceaux étaient donc en plein rodage, et le groupe lui, avait l’air très détendu sur scène, pas spécialement habillé pour l’occasion, comme si les musiciens été passés là par hasard et qu’on leur avait demandé de monter sur scène au dernier moment. Sauf que le résultat est excellent, d’abord parce que c’est parfaitement filmé, parfaitement sonorisé, et parce que le groupe, comme sur le live évoqué plus haut, a eu l’intelligence de nous épargner un démarrage sur « One Step Beyond ». Et même si Mark Bedford manque à l’appel, on se réjouit à la vision de ce groupe majeur accompagné comme d’habitude de sa section cuivres additionnelle, dévoilant son nouveau bébé à un public plutôt réceptif malgré la nouveauté. Superbe impression sur « Big Time Sister » tout en puissance cuivresque, classe supérieure de « Never Knew Your Name » qui à mon avis restera comme l’un des très grands morceaux de Madness, et une interprétation parfaite de « 1978 » et ses riffs de cuivres inspirés par ceux de « Rude A Message To You ».
Le final sur « House Of Fun » est évidemment d’une grande efficacité, avec là encore une section cuivres (ils sont cinq !) atomique qui déchire tout sur son passage, et un groupe très en forme, parfaitement servi qu’il est par des compos de haute volée.
Madness est un grand groupe, et ce coffret collector, s’il peux s’avérer superflu pour ceux qui écoutent ça d’une oreille distraite, se révèlera indispensable à tous ceux qui comme moi, on appris à skanker en écoutant le son du gang de Camden Town.
Vince