Rude Boy Train

MAMPY – Keep On Playing – Alambic Records/Disturb Records

UN PEU D’HISTOIRE : Mampy, c’est le fameux Sextet Toulousain fondé en 2006, qui, depuis sa création, ne cesse de nous régaler avec un ska-jazz bien carré, mais aussi avec des orientations plus rocksteady et reggae, toujours avec classe et finesse.

Leur premier album sorti en 2012 nommé « Between Bass And Craddle », déjà plutôt réussi, avait le défaut de voir leurs compos souvent affublées  de quelques pérégrinations jazzy un peu trop appuyées pour les simples amateurs de musique pop que nous sommes.

Forts de qualités musicales bien supérieures à la moyenne, les zicos nous reviennent en 2016, avec un « Mind Your Own Business » complètement débarrassé de que nous considérions comme des lourdeurs, pour un skeud direct et jouissif, un des tous meilleurs albums de cette année-là sans doute.

La vie n’étant malheureusement pas qu’un long fleuve tranquille, ils ont la douleur de perdre tragiquement Lionel, leur clavier. Après une petite période de flottement, ils décident de poursuivre malgré tout l’aventure pour notre plus grand plaisir, et s’associent à Daniel « Dru » des ex TSF pour lancer la production de ce nouvel album, dont certains titres étaient déjà bien avancés. Le bien nommé « Keep On Playing », une nouvelle fois financée par l’intermédiaire de généreux Kisskissbankers, est sorti officiellement fin décembre sous le giron d’Alambic Records et Disturb Records.

LE DISQUE : Le voilà donc le successeur de « Mind Your Own Business », un de nos albums préférés de l’année 2016 ! Et la machine redémarre rudement bien avec ce « Breakfast In Hammersmith », un excellent instru sur lequel on retrouve tous les ingrédients qui nous avaient emballés y’a un peu plus de trois ans : Un ska au chorus de vents carré et puissant transporté par une rythmique à la fois fine et teigneuse avec son piano omniprésent.

L’album se voulant un hommage à Lionel, un clavier touche-à-tout, le groupe a cherché à ouvrir sa musique à d’autres horizons. La suite est ainsi quelque peu surprenante : « Grandmama Said » se situe au confluant de multiples musiques Caribéennes… Le rythme syncopé est plutôt dansant, la compo proche d’un Calypso, et une fois l’effet de surprise passé, il se révèle fortement recommendable. Au rayon curiosité, on citera aussi « Dreams Come True », plutôt funky, au tempo assez lent qui, avec sa guitare jazzy, roule finalement drôlement bien et se termine en trombe sous le feu du duo trompette/saxo.

Le reste du skeud retrouve les sons plus classiques de Mampy : « Paint It Blue » est un somptueux rocksteady, chanté avec réussite par le batteur Baptiste, et, malgré l’absence de cuivre, le groove coolissime de la paire claviers/guitare assure le show, un vrai régal.

Coté ska, « Sing A Song » est pêchu comme du TSF et se pointe là dans le genre machine à skanker… Voix et choeurs impeccables, rythmique bondissante à la Toots, soulignée aux cuivres comme on l’aime… Ca passe « crème » ! Plus loin, «And It’s Suppose To Be Love » fait lui dans le downtempo très sixties, avec toujours des parties voix très appliquées, un petit solo de contrebasse comme on n’en entend pas si souvent suivi par la petite sœur au piano pour un titre suave et clinquant.

La palme du meilleur titre du skeud reviendra selon moi à « Harper », reprise de la BO du film du même nom où figurait Paul Newman : 4 minutes et 50 secondes de pur bonheur musical, un véritable show ska-jazz offert par l’ensemble des zicos, avec un chorus  superbe, une contrebasse qui revient pour un petit numéro solo tout en finesse avant un final tonitruant tout cuivres dehors, c’est du niveau des tous meilleurs combos du genre !

De toute évidence, l’album ne pouvait se refermer sans un hommage plus appuyé à l’ami disparu Lionel, et « Never Forget », inspiré d’une chanson Sud-Africaine, avec sa rythmique soul tintée d’afro, ses voix gospel superbes, et son final aux vents étourdissants, relève le défi haut la main.

Avec ce nouvel album plus métissé que « Mind Your Own Business » mais néanmoins tout aussi fameux, Mampy nous revient en forme avec ses compos toujours aussi justes et ses arrangements fouillés… Du bel ouvrage ! Le copain là-haut doit être bien fier !

Bronsky

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