Rude Boy Train

ORANGE STREET – Ghost Town Rockin’: Tales From the Other Side – Rockin Time Records

UN PEU D’HISTOIRE : Orange Street nous viens de Cergy, terreau fertile pendant la fin des années 90 pour les groupes reggae/ska, et fait partie de ceux qui ont fait les belles heures d’une période faste pour cette musique en France.

Fondé en 1997, ils sortent le déjà excellent « Step In » en 2000 sur Small Axe. Le son est bon et les compos riches et variées… Un EP «Dub Cayenne Sessions » et une grosse rasade de concerts plus tard, les revoilà en 2002 avec « Shakin’ Up » en tous points excellent avec ses  compos flirtantes avec toutes les musiques Jamaïcaines avec classe, du mento au reggae 70’s et un son affirmé.

Le groupe prend aussi de l’envergure sur scène comme en témoignera l’excellent « One Live, One Ska » enregistré un grand soir à l’EMB de Sannois.

Comme beaucoup des groupes de la scène de cette époque, avec la faillite de Small Axe et des salles qui se détournent du style, le milieu des années 2000 sera difficile à passer. Pourtant en 2007, ils montent « Odysée Jamaïque », un beau projet liant concerts expo et conférence autour des 50 ans de la musique de l’île, et enregistrent un double album, « Pirates & Treasures », édité dans un somptueux coffret par Patate Records,   qui survole en 24 titres et avec une belle réussite,  tous les styles riches et variés nés dans le pays, du Nyahbinghi au ragga-dancehall pur et dur.

Ils disparaissent après ce projet des écrans radar avant que des bruits de couloirs n’annoncent un retour dès 2018… Le projet aura mis plus de temps que prévu mais dès cette fin d’année, après une campagne Kisskiss, ils sortent enfin ce « Ghost Town Rockin’: Tales From the Other Side »

LE DISQUE : Première surprise, il y a peu de ska sur ce « Ghost Town Rockin’ », et il faut même attendre la fin du skeud pour découvrir « Tuco’s Revenge », l’excellent western-ska qui avait servi à annoncer le retour d’Orange Street… L’instru est bien fameuse, parfaitement chevauchée par des extraits de dialogues de  Morricone, un swing impeccable et une guitare bien tranchante, si bien qu’on aurait bien demandé un peu de rab.

Deuxième surprise, le groupe ouvre encore un peu plus ses influences en sortant son premier titre soul, « Good Girl », carrément bien gaulé avec les cuivres puissants comme il faut et les parties voix impeccables assurées par Karine Zaczek, déjà présente sur « Pirates & Treasures ». Y’a même un deuxième rythm’n’blues plus loin, « Messing Around » qui fait bien la blague avec un piano omniprésent et des chœurs bien cools.

On passera par contre plus vite, sur « Love Will Never Change », sorte d’ovni tangoïde, une bizarrerie pourtant signée et chantée par Vic Ruggiero, qu’on préfère quand même dans d’autres registres. On  vous laissera apprécier à votre goût.

C’est quand même bien plus chouette quand Orange Street pioche dans les sons traditionnels, dans le mento, le calypso et consorts, qu’ils ont toujours bien maitrisé. « Gator » est par exemple bien foutu avec ses arrangements Chicanos. « Count Zebra », 100% instru est plus Caribéen, tout comme « Three Little Seeds », où on retrouve Masto au chant sur une compo délicieusement cuivrée…

Mais  le cœur de métier d’Orange Street, c’est bel et bien le reggae sous toutes ses coutures : « Jam Around » qui ouvre l’album est sombre et tortueux… Les cuivres survollent langoureusement une rythmique poisseuse et le chant quasi scandé, avec un peu de reverb, assuré par Masto, complète parfaitement l’ambiance.

Les deux featuring sont particulièrement excellents : Ras Daniel Ray vient embarquer tout le monde sur « On A Rainbow », un reggae foisonnant d’arrangements, bien aidé par le sax virevoltant de Tof, l’ex K2R qu’on retrouve ici avec plaisir. Le second voit ressurgir un titre enregistré à l’époque par le regretté Little Ced… « Youthman » est une démonstration de son talent trop vite disparu, un gros reggae 70’s à la rythmique lourde comme aux plus belles heures de Junjo.

Le reste est souvent proche de ce niveau-là, et souvent composé et chanté par Pat, accessoirement tromboniste, comme l’early reggae « If You Come », aux chœurs lumineux, ou bien le très groovy rub-a-dub « Mr Right », aux percus obsédantes et aux parties voix finement travaillées.

Plus rocksteady, « Sad Words » est lui aussi une pure régalade… Sur des chœurs soyeux, c’est ce coup-ci le batteur JP Nonnis qui régale au lead. Dans une ligne très proche,  « Time To Rewind », bourré de mélancolie est une petite pépite interprétée en trio, aux cuivres léchés,  superbement relevés d’une traversière superbe.

Voilà, c’est p’tèt’ pas le coup de l’année, et ça sera peut être un poil trop reggae « roots » pour certains, mais c’est un bon et gros retour que signe là Orange Street avec ce « Ghost Town Rockin’: Tales From the Other Side »… Quel plaisir de les retrouver après tant d’années avec des sons encore plus variés et toujours ce goût très sûr pour les arrangements soignés du sol au plafond. Le tout mérite en tous cas grandement que vous y jetiez une large oreille, voire les deux!

Bronsky

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