REBELUTION – Falling Into Place – Easy Star Records
UN PEU D’HISTOIRE : C’est en 2004 que commence l’aventure REBELUTION, du côté de Santa Barbara en Californie. Parce qu’avec un son pareil, difficile d’imagine le combo ailleurs qu’en Californie.
Au départ ils sont cinq à écumer les bars des alentours de la fac où ils se sont rencontrés, puis ils poursuivent à quatre avant la sortie d’un premier album, « Courage To Grow », en 2007 en autoproduction. Sauf que le disque connait un certain succès et que le groupe va enchaîner en 2009 sur le label Controlled Substance Sound Labs avec « The Bright Side Of Life ». Rebelution se retrouve en tête du Billboard Reggae et squatte les scènes américaines, du Lollapalooza au Wakarusa Festival du côté de l’Arkansas, et partage l’affiche avec des groupes qui lui ressemblent comme The Expandables ou Slightly Stoopid. Le ton est résolument reggae et on va même pouvoir appeler ça du new roots.
« Peace Of Mind », le troisième opus, voit le jour en 2012, mais c’est pour « Count Me In » (2014) que le label maison 87 Music signe un deal avec Easy Star Records, la belle équipe new-yorkaise qui produit la crème du reggae made in USA. Une version acoustique du disque sera publiée l’année suivante.
Et c’est donc pile avant l’été 2016 qu’est publié « Falling Into Place », le sixième opus de Rebelution, avant la sortie à l’automne d’un CD + DVD « Live At Red Rocks » enregistré dans le mythique amphithéâtre en plein air situé à côté de Denver.
LE DISQUE : En voilà un groupe que je découvre, et une fois n’est pas coutume, ce reggae-là n’est pas calibré pour les rasés avec des bretelles. Ici, on est en pleine scène US, californienne, celle de Slightly Stoopid, de The Expandables ou d’Elwood, le groupe reggae avec dedans des mecs de Mad Caddies. Et comme on est en Californie, on pense aussi à Sublime et à Sublime With Rome, le punk-rock en moins, le son propre et net en plus.
Car le reggae de Rebelution est produit, très produit, sur-produit diront certains. Et même ceux qui ne jurent que par les prods de Lee Scratch Perry devront reconnaître qu’ici c’est clair, ça tiens la route.
Le problème de « Falling Into Place » est presque l’une de ses principales qualités : « Know It All », premier morceau de l’album, est une merveille de reggae pêchu aux allures de tube absolu qui mérite largement de figurer tout en haut des hits-parade. Rythmiquement c’est juste du travail d’orfèvre avec ce qu’il faut de guitare solo au son clair qui claque, ce qu’il faut de breaks avec une basse surpuissante, et des cuivres (plutôt des simili-cuivre – ça a l’air d’être joué au clavier) qui viennent ponctuer l’ensemble avec style. Je signe, j’achète, je tire mon chapeau : ce titre-là est génial.
Le problème donc, c’est que quand on envoie d’emblée le meilleur morceau d’un album, difficile pour les dix suivants d’être à la hauteur. Le voilà donc l’écueil. Le reste n’est pas à la hauteur de la pépite placée en figure de proue et risque de sembler parfois un peu fade. Mais à l’écoute et à la réécoute, on arrive petit à petit à tirer pas mal de plaisir à la mise en esgourdes de « Inhale Exhale », qui en mode tranquillou se pose là comme un excellent moment.
En fait, le reste du risque est à l’avenant, toujours qualitatif, même si l’explosion « Know It All » nous laisse un peu en attente d’un sommet qui peine à venir et qui se limite à des crêtes, mais de bien belle crêtes. La rythmique métronomique, l’une des principales qualités du combo, est au coeur de « Upper Hand » et de « Free Up Your Mind » aux accents ragga, et quand Rebelution met un peu de pop dans son mélange, ça donne « Mirage », un peu comme un Sublime traînant, avec une bien belle mélodie.
Et pour repartir dans un élan un peu plus énergique, le quatuor de nous servir sur un plateau d’argent une « High On Life » fichtrement bien gaulée, avant de finir sur « Breakdown » en mode balade/soirée nostalgique avec les copine sur la plage de Santa Monica.
Moi j’aime décidément bien tout ça. Je sais qu’y en a pas mal qui vont crier que c’est trop propre, pas assez roots ou que c’est trop du reggae de blancs-becs en tongs avec des casquettes de routiers sur le crâne, mais moi je suis bon public, je n’hésite pas à prendre du plaisir et à reconnaître que c’est bien quand c’est bien. Et Rebelution vous l’avez compris, c’est bien.
Vince