Rude Boy Train

RUDE BOY TRAIN’S CLASIC – TWO TONE CLUB – Now Is The Time ! (Productions Impossible Records – 2007)

« Rude Boy Train’s Classics », c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois… 

UN PEU (BEAUCOUP) D’HISTOIRE : TWO TONE CLUB a débuté sa carrière en 1999 à Montbéliard à l’initiative d’anciens membres de Gangsters All Stars. Le groupe se composait d’un chanteur, de deux guitaristes, d’un bassiste, d’un batteur, d’un sax, d’un trompettiste et d’un tromboniste. La seconde guitare a par la suite disparu et un clavier s’est ajouté à la formation. Le nom des musiciens est inconnu du grand public puisqu’ils portent tous un surnom lié à une couleur en référence à Reservoir Dogs, le film de Quentin Tarantino (Mr White, Mister Black, Mr Brown, Mr Blue…).

Le ska de Two Tone Club est influencé par toutes les périodes de ce style : 60’s, two tone, revival, avec des nombreuses pointes d’early reggae et de  rocksteady. Rapidement, le groupe cherche à jouer à l’étranger, profitant de sa situation géographique proche de l’Allemagne et de la Suisse.

Un premier EP, « We’re Going… », est enregistré en 2001 et sort sur Like A Shot Records. Leur premier album, « One », est publié en 2002 par Productions Impossible Records.Dans la foulée, le groupe participe au festival Dance Ska La à Rennes et figure avec trois titres sur la compilation de Banana Juice « Dance Ska La 2002 ».

En 2004, Two Tone Club participe aux Eurockéennes de Belfort. Le deuxième album, « Turn Off », mixé par Victor Rice (Stubborn Allstars, Firebug, ex- Slackers…), sort sur le même label en 2005. Il est repris ensuite par Big 8 Records et Grover Records. Two Tone Club participe à de nombreux festivals, notamment le cultissime Postdammer Ska Fest en Allemagne et au Dutch Ska Fest aux Pays-Bas. Le groupe passe beaucoup de temps à tourner à l’étranger, Allemagne, Suisse, Autriche, Danemark, Suède, Finlande…

Leur troisième album, « Now is the time », enregistré au Studio des Forces Motrices à Genève parait en 2007 aux Productions de l’Impossible et chez Grover Records. L’enregistrement a bénéficié de la production experte de Brian Dixon, guitariste de The Aggrolites.

Un album live avait un temps était annoncé, mais c’est semble-t-il bien un quatrième opus qui devrait voir le jour en 2017, avec un line-up remanié et l’arrivée d’un nouveau guitariste (venu du NSJO), d’un nouveau bassiste (ex-Bobby Sixkiller) et d’un nouveau clavier.

LE DISQUE : Il y a bientôt dix ans, la bande de Montbéliard faisait un sacré bon en avant avec « Now Is The Time ! ». Ce disque passe avec brio du ska two tone pur jus (« U and I » qui rappelle « Do The Dog » des Specials) au chaloupement rocksteady totalement maîtrisé (« True And Big Love »), jusqu’au son sixties (« De quoi tu m’accuses ?) et au ska revival speedé (« Too Short Leash ») qui renvoie à la belle époque allemande.

Avec « Nuh Tell me What to do », Two Tone Club impose, avec tout le talent de Mr Purple aux claviers, un skinhead reggae stylé comme on avait rarement eu l’occasion d’en entendre en France.

Essentiellement chanté en anglais, cet album se plait certes à parler d’amour, parfois avec mélancolie (la très belle «Monday 6th of Julie »), mais balance aussi un excellent texte dans la langue de Molière, « De quoi tu m’accuses ? », qui évoque avec habileté la question des préjugés racistes qui ont la vie dure, et nous rappelle que le titre de l’album, « Now Is The Time », leur a été soufflé d’outre tombe par Martin Luther King. La voix particulière de Linton, s’impose ici comme l’une des marques de fabrique du son de Two Tone Club.

Mais c’est pourtant sur deux instrus que le groupe casse la baraque. « Volstead Act » (référence à la prohibition aux USA) ressemble à un générique de film ou de série 70’s, de celles qu’on regardait sur une télé en bakélite et dont le thème principal nous a marqués à jamais (genre Amicalement Vôtre), ou à la bande-son d’un James Bond vintage, avec juste ce qu’il faut d’exotisme suranné, dont on ne sait plus très bien s’il vient des Caraïbes, d’Amérique latine ou d’extrême orient. L’esprit de John Barry et de Lalo Schifrin n’est jamais très loin.

A quelques encablures, Two Tone Club nous gratifie d’un autre chef d’œuvre, de pur early reggae cette fois, avec « Bubble Fish » qui a dû faire pâlir Brian Dixon lui-même quand il s’est agit de mettre la chanson en boîte. La mélodie de claviers est superbe et le morceau capable de rivaliser avec les plus belles réussites d’Aggrolites ou de The One Night Band.

Voilà, un cap avait été franchi par Two Tone Club qui de plus a montré que sur scène aussi, il savait largement assurer le spectacle (on a rarement vu mieux en France). Quant au nouvel album, on n’en peut plus de l’attendre…

Vince

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