Rude Boy Train

Rude Boy Train’s Classics – JIM MURPLE MEMORIAL – THE STORY OF JIM MURPLE MEMORIAL (Patate Records-1999)

« Rude Boy Train’s Classics », c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois…

UN PEU (BEAUCOUP) D’HISTOIRE : C’est en 1996 au cœur de Montreuil que débute la belle aventure du Jim Murple Memorial : quelques zicos s’unissent autour de la voix délicieusement vintage de Nanou Benoit avec comme projet ambitieux de mixer, comme à la grande époque des pionniers des studios jamaïcains, les musiques nord-américaines et caribéennes des années 50 et 60.

Pour mettre toutes les chances de leur coté, ils poussent le bon goût en se payant du matos d’enregistrement d’époque. Les rythmiques jouées guitare-sèche/contrebasse et des cuivres aux sonorités bien roots complètent le tableau. Le résultat est là : le son offert sur leur premier opus qui sort en 1998 donnera le nom a ce qui deviendra dès lors leur marque de fabrique revendiquée : le « Rythm’n’blues jamaïcain ». Le disque est composé exclusivement de reprises finement sélectionnées dans les répertoires jazz, rhythm’n blues et autre ska et met dans le mille : Ça sent les cuivres patinés et ça sonne comme si tout avait été enregistré en une prise chez Coxsone Dodd. En 1999, Jim Murple passe à l’épreuve de la compo avec brio et « The Story Of Jim Murple » dont nous parlerons ici est une réussite. Le disque sort à nouveau sur le label bellevillois Patate Records, et la réputation de scène du groupe ne fait que croître…

« Play The Roots » qui suivra en 2001, avec sa belle pochette, sa face A live tonitruante et sa face B composée d’une nouvelle flopée de reprises studio, dont les énormes «Feel So Good » du duo Leonard Lee-Shirley Goodman et « Hometown » de Laurel Aitken, obtient un petit succès commercial. En 2003, ils se fendent de leurs premières chansons en français sur un « Let’s Spend Some Love » sorti seulement quelques semaines après le douleureux décès de Fabrice Lombardo, contrebassiste de la première heure et chanteur à l’occasion, d’une longue maladie. Le groupe s’en relève malgré tout et assure une belle tournée derrière… La suite, au grès des changements de line-up restera toujours d’excellente facture, de «Five’n’Yellow » en 2005 au « Take Your Flight Jim ! » de 2013 au son un poil plus moderne, en passant par le « Put Things Right !» de 2007 et par le bien nommé « A La Recherche d’Un Son Perdu », bien difficile de trouver le moindre écueil ou faute de goût dans cette discographie des plus fournies…

Le groupe reste plus que jamais en activité avec quelques dates prochaines dans nos contrées, alors que c’est Célia, qui reprend désormais le micro de sa maman Nanou, avec une facilité désarmante… Une belle histoire de famille en quelque sorte…

LE DISQUE : La promesse de ce dénommé « Song For Tommy And Roland » qui ouvre ce deuxième album n’est pas vaine… Le Jim Murple Memorial confirme d’entrée qu’il possède bel et bien la recette magique de ce « Rhythm’n Blues Jamaïcain » d’époque. Et ce ska super bien balancé, chevauché de ses merveilleux solos de cuivre 100% vintage, est un hommage on ne peut plus réussi à leurs glorieux ancêtres.

Personnellement, j’adore le reggae à la cool qu’est « The Story Of Jim Murple » qui suit : la ligne de cuivres est simple et efficace, le travail de guitares est impeccable et le groupe laisse toute sa place a cette voix complètement hors du temps. « A Little Problem » semble naviguer allègrement entre reggae et jazz au beau milieu des brumes d’un club enfumé. Le ska « Kiss Me » nous rappelle pourquoi il est toujours un des incontournables du groupe, désarmant de simplicité, alors que « Hey Man » lorgne plutôt du coté soul-early funk du groupe, avec tout autant de réussite.

Et quand on entend « Working Hard », justement sous-titré « Swing Biguine », on se surprend à apprécier ce talent à faire renaître des musiques un brin désuètes. Les deux reggae tendance funky que sont « Love Song » et « Keep Cool », le premier tout dévoué aux cuivres, le second mené de guitare de maître, nous régalent tout comme la reprise ici plutôt funk tendance reggae de « Mr Big Stuff » de Jean Knight. « Jim Murple Walk » est un nouveau morceau de bravoure en forme de ska swing endiablé alors que le final « Wino » joue dans le jazz pur avec son sax entêtant…

Avec « The Story Of Jim Murple », ce fabuleux groupe passait haut la main l’épreuve de l’écrit, nous offrant des compos de style, tout en confirmant sa maîtrise de cette production à l’ancienne qui fait encore aujourd’hui sa solide réputation, non seulement sur la scène ska mais bien au-delà de cette frontière touchant finalement n’importe quel amateur de bonne musique… Un petit bijou à redécouvrir, pour un immense plaisir.

Bronsky

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