Rude Boy Train’s classics – MALARIANS – HOSTAL CARIBE (SKATOWN/PLASTIC DISC/GROVER RECORDS-1998)
« Rude Boy Train’s Classics », c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois…
UN PEU (BEAUCOUP) D’HISTOIRE: Les Malarians, c’est un des piliers de l’histoire du ska hispanique. Fondé à Madrid en 1986 sous le nom de Ton Ton Macoute autour du guitariste Jaime Girgado et du bassiste Gabi Peris, c’est en tant que Guaqui Taneke qu’ils commencent à se faire remarquer sur la scène ska et reggae espagnole et sortent deux titres sur les compil’ Rock’Ne Moncloa en 89 et Latin Ska Festival en 90.
Ils adoptent alors le nom de Malarians en hommage à un médecin Jamaïcain surnommé Dr Malaria, et partent enregistrer en Angleterre sous la houlette de Rob Nugent et surtout du grand Laurel Aitken himself, à la production. Il chantera sur deux titres de ce dénommé « Guaqui Taneke » sorti en 1991, « Nobody Talks To You» et « Black Pussy Ska ». Ils tournent alors avec ce bon Laurel en Espagne et au Portugal, mais ça frite méchant entre les membres au point qu’ils décident de splitter à la fin de la tournée.
En 1993, les deux membres fondateurs Jaime et Gabi remotivés, rejoints par Julio Sanchez et Carlos Blazquez, qui les accompagnaient aux cuivres au sein de Guaqui Taneke, relancent le groupe. Ils dégottent un nouveau batteur mais surtout non pas un mais deux nouveaux chanteurs en la personne de Ruben Lopez et Begona Bang Matu. Leur Ska s’enrichit d’influences latino et soul et ils tournent à nouveau en Espagne et un peu en Europe.
En 1996, ils enregistrent le premier album de la nouvelle formation. Le groupe, avec ce « Mind The Step ! » autoproduit, démontre une nouvelle maturité avec des compos solides avec une reprise énormissime de « September » d’Earth Wind & Fire… Laurel Aitken est fidèle au groupe et vient poser sa voix sur « Ben Gunn » et « Perdes El Tren »… Dans la foulée, ils retournent en studio dès 1998 pour ce « Hostal Caribe », enregistré à Madrid, s’appuyant ce coup ci sur Kevin Delahaye, plutôt connu pour ses productions purement reggae…
Ils tournent ensuite un peu partout en Europe mais abandonnent une nouvelle fois en 2000, usés par les différents et par les difficultés à vivre de leur musique.
LE DISQUE: Il y a des disques qui vous trottent dans la tête toute votre vie, et je crois que celui la fera partie des miens… Dès l’ouverture de ce « Hostal Caribe », tout est là pour le plaisir de vos oreilles: une rythmique qui claque, le petit fond de percus qui va bien, des lignes de cuivres puissantes aux mélodies efficaces et deux pures voies qui se mêlent à merveille, capables de toutes les nuances : ce « Hatari » te met direct en en appétit . « Disparalo » qui suit, même sans être un fan du chant en Espagnol, est quand même plutôt efficace en mode ska latino, cuivres impeccables.
C’est alors que se pointe ce « Touring Under Hobb », désarmant de simplicité avec son piano est entêtant, sa guitare qui swing, sa rythmique cuivrée et les voix qui se font de velours : 2 minutes et 47 secondes de bonheur. Juste derrière, c’est le contre-pied : sur l’early « Pharisee », on inverse la machine, les voix montent en puissance et les cuivres jouent dans la soie… Le refrain en chœurs et l’harmonica viennent se poser là comme une belle cerise sur le gâteau… Et dans cette descente vers le cool, on croise le très joli rocksteady « Colour Sounds » où le volant est laissé a Begona pour un pur moment de grâce, juste surligné d’un break légèrement ragga de Ruben qui ne fait pas tâche, le genre de truc idéal pour une sieste au soleil.
On ré-accélère le mouvement pour un tonitruant « Slovenja », instru juste accompagné de quelques mots scandés, un « You Cheap » bien sombre et sacrément bien balancé et un «Rude Boy Crew » swing et dansant. Une petite pause reggae, avec un « El Cafetal » tous cuivres dehors, juste accompagné d’un beau refrain et « Up And Down The Coalmine » vient alors vous éclabousser de toute sa classe. Rien à jeter sur ce ska : la rythmique infernale, les cuivres clinquants et deux chanteurs au sommet de leur art, un des meilleurs titres de la décennie, tout simplement !
Et ce n’est pas le rocksteady lumineux « Back In Town », le ska instru très jazzy « Talkin Dirty », la sucrerie 100% sixties « Everytime » ou tout le groupe s’en donne a cœur joie, ni même la version Dub de « El Cafetal » qui conclut le tout qui viendront gâcher la fête : « Hostal Caribe » est à coup sûr un des incontournables de la scène ska des années 90, un de ces skeuds indémodables qui vous collent aux basques pour la vie…
Bronsky
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