Rude Boy Train

RUDE BOY TRAIN’S CLASSICS – THE BLUES BUSTERS – Behold… How Sweet It Is (Dynamic Sounds-1964)

« Rude Boy Train’s Classics », c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois…

UN PEU (BEAUCOUP) D’HISTOIRE : Lloyd Osbourne Campbell et Phillip James naissent tous deux en 1941 en Jamaïque. La famille du premier déménage peu de temps après sa naissance de Kingston vers Montego Bay. C’est ici qu’ils fréquenteront les bancs de la même école, devenant rapidement amis.  Si Lloyd passe par la case assez traditionnelle chorale de la paroisse, Phillip, dont le père est artiste, se retrouve a participer à ses cotés au « Show Boat Folies », un spectacle monté pour les touristes et joué sur un bateau spécialement conçu. Quand à l’âge de 9 ans, son père décède, Phillip poursuit l’aventure avec la troupe alors que Lloyd continue ses études pendant quelques années. Il se joint malgré tout à l’occasion au spectacle, en reprenant avec son ami des titres ricains aux  orientations soul-rythm’n’blues, rodant ainsi les bases d’un duo dont la réputation de sonner comme quatre chanteurs  grandit peu a peu. Les Blues Busters sont nés.

Leur premier enregistrement « Little Vilma », accompagnés par l’exotique Luther « Wee Wee » Williams et son orchestre, grimpe aux sommets des charts Jamaïcains en moins de deux semaines… En 1961, ils assurent la première partie de la tournée Jamaïcaine de Sam Cooke, dont il ne cesseront alors de s’inspirer.

S’en suivront une avalanche de hits sous la houlette de nombreux producteurs incontournables comme Chris Blackwell pour « Your Love », Coxsone Dodd  pour « There Is Always Sunshine »,  et surtout Ronnie Nasralla pour leur premier number one « Behold » et « Soon You’ll be Gone » accompagné par Byron Lee et ses Dragonaires, qui prendra le relais par la suite pour une bonne partie du reste de leur carrière.

Forts de tous ces succès, qu’aucun fan revendiqué de musique Jamaïcaine ne pourrait ignorer, ils sillonneront les Caraibes pendant plus de vingt ans, jouant même au sommet de leur gloire aux Etats Unis. Ils enregistreront jusqu’au milieu des années 80, avec bien souvent des reprises versions reggae de leurs plus grand hits.

Aujourd’hui encore, ils restent une influence majeure de la plupart des groupes actuels, et il n’est pas rare d’entendre ici ou là un de leurs titres repris en concert.

LE DISQUE : Pour le quidam, Les Blues Busters ne font pas partie des têtes d’affiches sur lesquelles on tombe en premier lieu quand on parle de musique Jamaïcaine. Il faut le temps de creuser un peu pour s’apercevoir que les deux chanteurs de Montego Bay sont les auteurs originaux d’un bon paquet de hits. La faute peut-être à une carrière précoce, parfois assimilée a une période pré-ska ou résonnait sur l’île un son plutôt  rythm’n’blues,  ou « shuffle » comme il fût appelé. Pourtant, à l’écoute de ce « Behold… How Sweet It Is », encore une fois, comme de coutume à l’époque,  plutôt une compilation des premiers singles qu’un véritable album, on prend en pleine gueule l’impact de ce duo génialissime.

Aux premiers sillons de « How Sweet It Is », a mi chemin US et Jamaique, comme si Sam Cooke était passé chez Studio One, le duo nous en fout plein la vue avec ses harmonies vocales… Derrière, Byron Lee et les Dragonaires assurent une mise en musique quasi parfaite, foisonnante d’arrangements de cuivres patinés comme un vieux zinc de rade.

Sur plusieurs titres comme « Wide Awake In A Dream » ou « You’re No Good », l’inspiration des grands frères américains garde carrément le dessus pour quelques titres de soul top niveau, vibrante à faire chavirer tous les coeurs.

Avec « Behold », leur premier titre à atteindre la première place des charts locaux, la rythmique et les cuivres prennent des airs Caribéens qui lui vont comme un gant, même si son coté un poil folklorique hérissera sûrement les poils des plus rudes des rude boys.

C’est donc bien évidemment au rayon ska de ce grand album qu’on scotchera pendant des dizaines d’écoutes et de réécoutes. Et pour cause, on a ici à faire à quelques un des plus grand tubes du style : «Donna » avec son swing nerveux soutenus aux  cuivres,  ou bien « Wings Of A Dove » et son refrain entêtant font partie de ces titres définitivement incontournables de l’époque.

Que dire alors de l’imparrable « Soon You’ll Be Gone » ? La pépite, identifiable dès les premières notes de son gimmick de clavier, déroule 2 minutes et 50 secondes de perfection musicale, swing chaloupé aux cuivres puissants et au refrain imparable. Même recette et donc même régal sur « I Don’t Know »,  récemment remis au goût du jour par les Bluebeaters, désarmant de simplicité et d’efficacité.

Tout ça est bien beau mais on n’a pas encore parlé du monumental et intemporel « I Won’t Let You Go »! Après une intro sauvage sur un tempo métronomique, à base de « get it up »  en guise d’incantation à la danse, son chorus de cuivre à pleurer se pointe comme une bourre en plein pif … Et puis y’a ces deux voix, tout en contraste, légères et maitrisées, comme suspendues  sur le fil d’un backing qui joue comme un seul homme… Du grand art à l’état brut, une pièce maitresse pour tout DJ, capable de renverser de bonheur n’importe quel dancefloor! Ca vous prend les tripes et le coeur et son seul défaut est d’être beaucoup trop court!

Amis lecteurs de Rude Boy Train, ne perdez plus un seul instant et jetez vous sur ce « Behold… How Sweet It Is » ou bien  sur n’importe quel autre skeud ou compil des Blues Busters. Vous y redécouvrirez la cascade de hits d’un  groupe définitivement essentiel et fondateur du ska, qui mérite à ce titre tout autant  d’égards et de lumière que les Maytals, Wailers et consorts.

Bronsky

 

Pour le plaisir:

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