Rude Boy Train

RUDE BOY TRAIN’S CLASSICS – THE BUSTERS – Dead Or Alive (Weserlabel – 1991)

Afficher l'image d'origine« Rude Boy Train’s Classics », c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois…

UN PEU (BEAUCOUP) D’HISTOIRE : C’est du côté de Wiesloch, dans le land du Bade-Wurtemberg, que THE BUSTERS voit le jour en l’an de grâce 1987. Au départ, The Busters c’est : Thomas Scholz et Klaus Huber au chant, Max Grittner à la basse, Hans-Jorg Fischer et Peter Quintern au sax, Jan-Hinrich Brahms au trombone, Hardy Appich à la trompette, Martin Keller à la guitare, Jesse Gunther aux percus, Markus Schramhauser et Stephan Keller aux claviers, ainsi que Gunther Hecker à la batterie. Douze musiciens donc, dont deux chanteurs, deux saxophonistes, deux claviers et un batteur + un percussionniste !

Le groupe ne perd pas de temps, et dès 1988 sort le premier album, « Ruder Than Rude », sur Weserlabel. Le disque est distribué l’année suivante en France via Bondage Records et le groupe se taille une solide réputation. A l’époque, le ska est un genre assez peu pratiqué, et en Allemagne, The Busters fait figure de quasi pionnier, même si d’autres formations teutonnes lui emboîteront rapidement le pas. Le mur de Berlin s’effondre en 1989, et The Busters tourne à travers l’Allemagne avec Bad Manners, s’arrête au London International Ska Festival, et sort un second album, « Couch Potatoes », sur le même label et avec un invité de prestige : Laurel Aitken.

En 1991, le combo part en tournée aux Etats-Unis, et en ramène notamment l’excellente « Illinois State Police » qui figure sur leur nouvel opus, « Dead Or Alive », qui sort dans la foulée sur Weserlabel. On a même droit à des dates françaises, notamment avec The Toasters qui viennent de sortir « New York Fever » (aaaaaahhhh, cette énorme date à Nancy !).

Les disques vont alors s’enchainer : « Cheap Thrills », leur premier live en 92, « Sexy Money », dernier album de Thomas Scholz (qui se consacrera à temps plein à l’organisation de concerts avec Booby Trap) en 94, un excellent « Live In Monteux », bien supérieur à « Cheap Thrills », en 95, avec un nouveau venu au chant, Markus Sprengler.

En 96, The Busters enregistre son cinquième album studio, « Stompede » pour Sony Music, et en 1997, ils publient « Boost Best », un best-of pour fêter leurs dix ans, mais avec des titres entièrement réenregistrés. En 98 sort « Make A Move » sur Dogsteady Records, puis en 99 « Welcome To Busterland ». The Busters est décidément un groupe prolifique.

En 2000, Klaus, l’une des figures de proue du combo, quitte The Busters, presque aussitôt remplacé par Richard Tabor. Max, le bassiste et principal compositeur cède lui aussi sa place. En 2001 est publié « 360° », avec  Dr Ring Ding et Farin Urlaub (Die Artze) en featuring, et le groupe rencontre un très gros succès en tournée.

En 2002 sort sur Pork Pie Records un live supplémentaire, enregistré pour le concert des quinze ans à Wiesloch l’année précédente. Markus quitte ensuite le combo. « Revolution Rock » en 2004 sur Ska Evolution Records (leur propre label), puis  « Evolution Pop » en 2005 , suivi par « Double Penetration en 2007 et « Waking The Dead » en 2009 complètent la discographie des Busters. Ron Marsman a rejoint Richard au chant en 2008, mais ce dernier s’en va après « Waking The Dead », suivi par les deux sax d’origine, Peter et Hans-Jorg. Mathias Demmer rejoint The Busters au sax ténor, et le groupe enregistre un DVD live en 2010, « Das Konzert für die Ewigkeit » (qui sort en 2011), avant d’aller jouer en Amérique du sud à l’invitation de leurs potes de Desorden Publico l’année suivante.

Début 2013, The Busters publie « Songbook vol 1″ pour son vingt-cinquième anniversaire, un livre regroupant les accords et les textes de cent des meilleurs morceaux de sa carrière, ainsi qu’un tas de photos, et il organise dans la foulée une grosse tournée allemande avec Dr Ring Ding au trombone et au chant additionnel.

Même que Dr Ring Ding devient officiellement le second chanteur du groupe en 2014, et qu’il est bel et bien présent en tant que membre à part entière sur « Supersonic Eskalator », le treizième (et superbe) album sorti à la fin de la même année.

Un quart de siècle après ses débuts, The Busters a légèrement perdu de sa superbe à force de changements de line-up, mais les derniers albums sont très recommandables, et le groupe restera définitivement dans l’histoire du ska pour son triptyque de légende réalisé durant ses premières années de carrière : « Ruder Than Rude », « Couch Potatoes » et « Dead Or Alive » dont on vous parle ici. Culte !

LE DISQUE : Dire que je suis fan de ce groupe serait un euphémisme. Je suis tombé dans le ska avec The Busters quand j’était tout minot, à l’occasion d’un concert avec Skaferlatine et les Toasters pas très loin de chez moi (Terminal Export – Nancy – 1991) et d’un album (« Ruder Than Rude ») distribué en France par Bondage Records.

Le ska  à l’époque pour moi, c’était de la vitesse, des cuivres, et de l’énergie à rendre jaloux Vin Diesel dans Furious 7. Et avec « Dead Or Alive », troisième album du groupe allemand, j’allais être une fois de plus copieusement servi.

C’est simple, il m’avait suffi de poser ce disque sur la platine, et dès le premier morceau, dès la chanson-titre, j’avais compris que j’allais avoir affaire à du très lourd. Car « Dead Or alive », le morceau, est tout simplement l’un des plus emblématiques du son Busters. Rapidité, fluidité, efficacité, avec un barouf du feu de dieu envoyé par douze gaillards avec un sens du hit absolument imparable.

Pourtant, avec ce second opus, le combo décidait de ne pas se cantonner au style boum boum à 200 à l’heure qui l’avait fait connaître et qui avait imposé le ska revival à l’Europe entière. Il continuait, un peu comme avec les participations de Laurel Aitken sur « Couch Potatoes », à proposer des moments mid-tempo, plus roots, plus cool, plus calmes, je n’irais pas jusqu’à dire plus sixties, car le son des Busters a toujours été très moderne. La preuve ici avec l’accent caribéen donné à l’album par « Run & Coca-Cola », un peu calypso, un peu soca, et juste après par la très agréable « Go For It » à l’entêtant refrain. Et même que juste après, « Chainsaw Reggae » faisait plus que bien blague avant de retourner vers un répertoire un peu plus uptempo.

C’est les claquements de batterie de « Shap Dressed Girl », c’est son refrain cuivré, son solo de clavier, c’est la basse de Max of Maxico qui survole le tout avec style. C’est un mini chef d’oeuvre en puissance. Et puis « More Fun », un quasi manifeste qui mérite un 20 sur 20,  et bien sûr « Candy », parangon de ska-revival song d’amour avec des paroles pas si connes que ça qui résument en quelques couplets la philosophie de cette fine équipe : fun, insouciance et danse à gogo, avec un final de toute beauté.

On pourrait continuer à égrainer tous les titres, puisque tout, absolument tout sur cet album est génialissime, mais on se contentera de rappeler aux retardataires d’aller jeter deux oreilles attentives à « Illinois State Police », peut-être la chanson la plus calme des Busters, et peut-être pour cette raison l’une des plus marquantes. Apparemment, le groupe s’est très moyennement entendu avec la maréchaussée américaine à l’occasion de son (unique ?) tournée US. C’est en tout cas ce qu’il raconte ici.

La dernière partie du disque est un peu plus classique, mais tout aussi jouissive, de « You Can’t Go Ahead » à  la magnifique « Banana », du pur Busters certifié, en passant par « Agatha » (« her name was Agathaaaaaa ») pour terminer sur un autre manifeste, « Rude Vibrations », où la paire d’as Klaus/Thomas dit en substance ceci : « we did ska and bluebeat and you’re going nuts ». C’est exactement ça. Les Busters ont fait du ska et moi je suis devenu fou.

Trois albums, trois chefs-d’oeuvre intemporels. J’ai jamais pu retrouver ça ailleurs.

Vince

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