Rude Boy Train

RUDE BOY TRAIN’S CLASSICS – The Frits – Little Idiots – (Pork Pie Records/1991)

« Rude Boy Train’s Classics », c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois.

BEAUCOUP D’HISTOIRE: C’est dans la deuxième moitié des années 80 que THE FRITS voit le jour du côté de Bochum (au dessus de Cologne). En 1988 sort  leur premier album sur Rude Records, subtilement intitulé « Die Erste », et totalement introuvable aujourd’hui dans son édition originale mais réédité en vinyle blanc. Sur ce disque comme sur ceux qui vont suivre, la quasi totalité des titres est signée par Karsten Riedel, le guitariste chanteur.

Le combo ne chôme pas et sort l’année suivante « The Rude Message », toujours sur Rude Records, et The Frits affirme son style uptempo cuivré, mais pas que. En 1990, le label teuton Pork Pie Records sort sa première compilation culte « Ska… Ska… Skandal », mais c’est sur le deuxième volume sorti la même année qu’on retrouve The Frits avec le titre « Work » (les deux volumes sont d’ailleurs regroupés dans la foulée sur un même CD).

The Frits est donc passé chez Pork Pie, et c’est dans le giron de la belle maison berlinoise que le groupe publie « Little Idiots », son troisième opus. Le combo joue en Allemagne, mais très rarement à l’étranger, et rare sont les français à pouvoir prétendre les avoir vus dans l’hexagone.

Le quatrième album, « Not Enough For You », sort en 1993 sur Pork Pie. Il est produit par Roger Lomas, guitariste de The Sorrows (un groupe de rock anglais), et producteur  notamment de Bad Manners, The Selecter, Desmond Dekker ou The Specials. Ce disque est suivi en 1994 par le live « Looking on the bright side of live ! » qui signe la fin de la discographie de The Frits puisque le groupe splitte peu de temps après.

A la fin des 90’s, Karsten Riedel s’en va former Alpha Boys School, un très bon groupe dans la même lignée que The Frits, qui sort plusieurs albums avant de se séparer en 2008. En 2009, surprise: The Frits remonte sur scène à Bochum. On trouve encore des traces de leur résurrection jusqu’en 2011, et puis plus rien…

LE DISQUE: THE FRITS, c’est tout simplement l’un des meilleurs groupes de ska revival allemand. Et « Little Idots » résume en onze titres l’essentiel de leur style irrésistible. Moins diablement cuivré que les Busters, moins rentre-dedans que Skaos, moins reggae que Messer Banzani, The Frits met de la pop dans son ska et moi, c’est tout ce que j’aime !

Ça commence fort, très fort avec « Hey Girl », l’un des hits de l’album, qui après un « one two three for » envoie du son cuivré, de la patate et à vrai dire pas mal de joie communicative. C’est simple : Il suffit d’écouter ce morceau pour savoir si on n’aime ou pas le style de The Frits, car tout est là ou presque, résumé dans un morceau juste bien classe pour démarrer une galette en fanfare. Et ce qui est bien avec  ces gars-là, c’est que pile après, ils te claquent comme ça à la coule « Searching For Another Place In Town », modèle de ska avec de la pop dedans, et donc avec une voix douce mais bien présente, énergique juste comme il faut, et fine aussi, parce que ces Allemands-là sont tout sauf des bourrins pleins de foutre et d’hormones.

Et le groupe de la jouer calmos, encore, sur la très étrange « Sense Of Life », sensible, reggae, avec une voix d’ici et une impression d’intensité, ainsi que sur un instru emprunté au « Je t’aime Moi Non Plus » de Gainsbourg (« Je t’Aime »),  comme Judge Dread (et tant d’autres) avant eux, mais ici en version rocksteady avec un gros sifflement de trombone en guest. Et puis, sur un tempo comparable, The Frits nous envoie la superbe « Bonehead », qui mettait les point sur les « i » à une époque où les médias faisaient leurs choux gras de quelques blaireaux qui avaient pour sale habitude de tendre le bras en éructant et de mettre le feu à des foyers pour immigrés.

Cet album, c’est aussi une avalanche de hits, dont « Work », l’un de leurs plus fameux titres, « Little Idiots » évidemment, juste énorme avec son petit sifflement de clavier en intro et ces riffs de cuivres qui tuent, et bien entendu « The Most I Hate Is You », avec cet atmosphère nocturne, ce solo de guitare au début, puis cette rythmique métronomique soutenue par deux sax et une trompette qui ne manquent pas de souffle. Excellent, de A jusqu’à Z. Quant à « Why Do You Change It » et son final de toute beauté avec ses « I Love You » à n’en plus finir, on dira que c’est une pièce d’orfèvrerie supplémentaire, signée comme ses consoeurs par un Karsten Riedel particulièrement bien inspiré en cette année 91.

C’était il y a plus de vingt ans, on a pris quelques kilos et on a chopé des rides, mais ça s’écoute toujours avec le même plaisir.

Vince

 

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