Rude Boy Train

Solid’Air Fest – (Groovin’ Jailers – The Upsessions – Red Soul Community) – 15 février 2014 – Chaligny (54)

Afficher l'image d'origineLe SOLID’AIR FEST, organisé chaque année à Chaligny (près de Nancy) en plein coeur de l’hiver est devenu une institution incontournable pour les gars de l’est comme moi. Salle parfaitement adaptée à l’événement, bière pas chère, entrées à l’avenant, stands de merch, et des groupes bien comme on aime. Bref, tout ce qu’il faut pour passer une soirée de type cool.

Arrivée à 21h20 dans les temps, et je constate que ces sont les GROOVIN’ JAILERS qui sont sur scène, les locaux de Bobby Sixkiller qui devaient jouer en premier ayant dû annuler (deux musiciens ont décidé de quitter l’aventure). Je ne connais pas du tout le répertoire des gars du Nord, mais je constate que ça tourne, que c’est propre et que ça joue. Bon, côté scène (et jeu de scène), le quintet a probablement encore des progrès à faire, mais leur early-reggae est propre et parfaitement adapté à ce début de soirée. Deux reprises: « Bang Bang » de Nancy Sinatra (ou de Cher plutôt) qu’on retrouve un peu à toutes les sauces depuis que Tarantino l’a utilisée pour « Kill Bill », pas vilaine, et « You Can Get It If You Really Want » de Jimmy Cliff (comment ça de Desmond Dekker ?), pas vilaine non plus dans le genre plus classique mais bien calibrée pour inviter à la danse. Au premier rang, pour le moment clairsemé, Carlos Dingo et Isabel ne s’y trompent d’ailleurs pas et commencent à sérieusement s’échauffer les chevilles. Trois quart d’heure de set, un pause bière/disque/blahblahblah avec des têtes déjà vues l’année dernière (Twan, Wellene…), et voilà que des gars en survet’ vert s’approchent  de la scène. Nan, c’est pas une équipe de Karaté, c’est juste la fine équipe de THE UPSESSIONS, probablement le groupe néerlandais le plus  actif ces dernières années, surtout si l’on pense au projet Boss Capone du chanteur, et à leurs sorties avec le batteur des SteadyTones (au chant) sous le nom de The Judge Dread Memorial.

Le combo entame le set et ô surprise, l’inénarrable tromboniste/ percussionniste/ choriste/ danseur/ ambianceur n’est pas de la partie. Aie ! Sur scène le gars est l’un des piliers de la bande. Par contre il a été remplacé par un tromboniste + un trompettiste, soit une vraie section cuivres, donc on ne perd pas vraiment au change même si sa présence (et son incroyable déhanché) aurait contribué à (encore plus) égayer la soirée. Là évidemment dès que ça commence à jouer, on comprend qu’on n’a pas affaire à un groupe d’amateurs mais à une formation solide, qui sait envoyer du bon son à base de skinhead reggae, tantôt agrémenté d’un peu de ska ou de rocksteady. La section cuivres, justement, entonne très rapidement les première notes de l’excellentissime « Mocca Cowboy Rides Again », pure merveille de skinhead reggae dans la grande tradition western telle que ce bon vieux Lee Scratch Perry aimait en produire vers la fin des années 60. Et là d’un coup, on comprend immédiatement l’importance de la présence d’une trompette, élément indispensable pour faire ressortir l’aspect mariachi/gunfight/Vera Cruz du morceau, entre impeccable et nickel chrome, à coup sûr l’un des grands moments du set des Hollandais. Mon dieu qu’est-ce que c’est beau ! La suite du concert est fun, avec des très bons titres – « Beat Me Reggae », « Ready For The Beat », « Reggae Funkalicious », « Soultrain », « Oh Cinnamon » – mais peut-être un peu trop axé early, ce qui se confirme dès que le groupe commence à envoyer du ska et où, forcément, le public est plus réceptif, car le ska c’est plus facile à vendre, et à danser. D’ailleurs le combo nous a envoyé un ska intrumental inédit assez hallucinant de maîtrise, tous cuivres devant, à l’aise comme un Sébastien Patoche à la fête du Jambon à Bazoncourt tu vois. Un oubli majeur cependant: Pas de « Hold Me Belinda », pourtant l’un des standards incontournables de leur répertoire, mais  un set malgré tout efficace et plaisant, quoiqu’un cran en dessous de celui de Terville en 2012.

Nouvelle pause bière, on chope deux/trois disques qui vont bien, on s’écoute quelques galettes du Precious Oldies Sound System, et on laisse RED SOUL COMMUNITY monter sur scène un peu avant minuit. Moi Red Soul franchement, j’aime bien leurs disques, mais sans plus. Je trouve que c’est un chouïa trop propre, trop convenu, trop gentillet. Sauf que ce soir, ils vont sérieusement me faire réviser mon jugement. Déjà, à peine ils sont sur scène que tu sens qu’il va se passer quelque-chose. Et côté présence, la belle Isabel Garcia, presqu’en robe de soirée, n’a de leçons à recevoir de pas grand monde tant elle réussit à s’imposer avec une étonnante facilité, avantagée qu’elle est c’est vrai par son joli minois et sa taille de mannequin, mais avec des arguments vocaux (et scéniques donc) absolument incontestables. Et son boyfriend Carlos, juste à côté, semble comme possédé par son clavier qu’il fait claquer un peu comme Mista Purple avec 65 MS/TWo Tone Club/Taste In Vibes. Les trois autres membres du groupe d’ailleurs, semblent à peu près engagés de la même manière, à fond dans leur set, avec un gratteux sautillant, une paire basse/batterie bien en place (un Labase Martinez très en forme), et un groupe qui fait corps pour envoyer un show de toute première catégorie.

Des morceaux des deux albums, « That Groove, « Lost In The Ocean », « Anymore », « I Never Learn », l’excellente « The Day Has Come » et son impeccable intro, « Killah », « Time To Go », une Isabel exceptionnelle du début jusqu’à la fin, et une série de reprises de bon aloi comme dirait l’autre : Impeccable « Spanish Bombs » empruntée au Clash particulièrement à propos dans une set-list de Red Soul Community (la chanson parle de la guerre d’Espagne, et le groupe de Grenade est pour le moins engagé), « Crazy » chourée à Gnarls Barkley, « These Boots Are Made For Walkin' » de Nancy Sinatra (encore elle) qu’on avait découverte sur le split 45 tours avec The Valkyrians, et surtout une adaptation grandiose du hit mondial punk-pop « Basket Case » de Green Day, ici interprété dans une version reggae de haute volée qu’on aimerait que le groupe enregistre fissa parce que des moments pareils, faut les immortaliser.Et tout ça se termine avec en rappel « only for tonight », les deux morceaux de l’EP à la punk sorti l’année dernière (« One Way Love » et la version destroy de « The Rest Of You »), spéciale dédicace à Julien Casual Records, visiblement aux anges derrière sa belle table de merch, bien belle façon de finir un set stylé avec un maximum de style.

Vraiment, je n’attendais pas Red Soul Community à un tel niveau de qualité et j’avoue que c’était fastoche LE groupe de la soirée, vraiment au-dessus de The Upsessions alors qu’au départ j’aurais parié l’inverse !  Encore une bonne soirée passée à Chaligny, avec une orga impec, plein de gens cool, des sets aux petits oignons et des Red Soul  Community très très en forme. Et même que chaque année on grimpe d’un cran niveau qualité de programmation. Alors vivement 2015 que j’vous dis !

Vince

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