Rude Boy Train

Solid’Air Fest (Soul Delighta – Les Wayfarers – Boss Capone – Los Granadians) – 28 février 2015 – Chaligny (54)

Afficher l'image d'origineLe SOLID’AIR Fest, c’est le rendez-vous lorrain annuel des amateurs de sons d’inspiration jamaïcaine, mais pas que.

Comme souvent en cette période hivernale, mon arrivée est tardive, mais pourtant, la soirée n’en est qu’à son premier groupe, SOUL DELIGHTA, un combo reggae du coin assez classique, avec deux chanteurs et un percu, qui maîtrise plutôt bien son affaire, même si l’ensemble n’est pas d’un originalité folle. Le public est clairsemé, mais va tout doucement se pointer, entre le bar, le sound-system tenu comme à l’accoutumée par les joyeux drille du PRECIOUS OLDIES SOUND SYSTEM, et la belle table de distro de Casual Records, avec cette année des tas de skeuds soldés.

C’est au tour des WAYFARERS de monter sur scène. Les Wayfarers, c’est un groupe de Nancy qui fait comme s’il venait de Las Vegas, entre rockab’, rock’n’roll, garage, avec un petit côté très frenchy, limite mod/dandy façon Gainsbourg/Dutronc/Katerine/Biolay, et même que c’est bien. Les gars ont une super dégaine, surtout le chanteur avec son costume impeccable, et tous sont affublés des Ray-Ban de circonstance. Le chanteur, justement, est un vrai showman avec une façon de bouger très à propos, un peu branleur, mais juste ce qu’il faut pour plaire aux filles. De leur set, j’ai surtout retenu « Chambre 607 », excellente, et une sympathique reprise du « Dr Jekyll et Mr Hyde » de Gainsbourg, mais ici en version qui poutre. Le dernier disque en date des Wayfarers s’écoute sur bandcamp et il est bien fun. Allez donc y jeter une oreille.

C’est bien tout ça, mais moi j’étais venu pour voir de la musique de rasés. Quand la fine équipe de BOSS CAPONE se pointe sur scène, c’est en respectant un dress-code: ce soir, c’est polo Fred Perry noir pour tout le monde. Boss Capone, c’est une formation très réduite (quatuor), avec guitare, basse, batterie et clavier/chant, dans lequel on retrouve donc Boss Van Trigt, le chanteur/guitariste de The Upsessions, mais aussi le batteur, et au moins pour ce soir, le gratteux qui n’est pas toujours de la partie. Le bassiste lui, vient d’ailleurs. Un set de Boss Capone, c’est presqu’entièrement early reggae, contrairement à The Upsessions qui varie un peu les styles, avec aussi un brin de ska par-ci, un peu de rocksteady par-là.  Et dans l’ensemble, c’est assez minimaliste (normal vu le line-up), mais toujours très efficace, car le grand Boss connaît la musique. Oui, ce qui frappe dès que le quatuor démarre son set, c’est que ça sonne, bon dieu que ça sonne, malgré le minimalisme, ou peut-être tout simplement grâce au minimalisme. « River Of Tears », particulièrement bien balancée, avec un batteur métronomique, un Boss Van Trigt très à l’aise, et des musicos omniprésents au sur les choeurs. Le groupe envoie « Dog & Bone », tout à fait dans la lignée de The Upsessions, un instru par-ci (« Colt 45 »),  un très bon « Pussy Corner » par-là, et un « Do The Fatwalk » très funky qui emporte tous les suffrages du premier rang avec son imparable mélodie de clavier.  On a eu droit aussi à des morceaux du nouvel album, mais difficile pour moi de vous dire lesquels puisque je n’avais pas eu l’occasion de l’écouter avant le concert. Mais à coup à peu près sûr, je dirais qu’il y avait au moins « Capone Come Strike » et « Jesse Fox », un instrumental de toute première bourre, comme si on était revenu au temps du grand Harry J. C’est propre, c’est net, c’est bien rasé sur les côtés, ça a du style, du corps et du retour. Aucun doute, c’est un set de Boss Capone.

Pause, bière, sound-system et pissotières, et retour devant la scène pour voir les vedettes américaines de la soirée, mais qui sont en fait espagnoles: LOS GRANADIANS DEL ESPACIO EXTERIOR. Ceux-là se trimbalent une grosse réputation, avec leur skinhead reggae assez barré, assez spatial (comme leur nom l’indique), leur fringues en lycra et leur guitariste qui ressemble à Frank Zappa et à Engelbert Humperdinck vers le milieu de sa carrière (et même que c’est sa vraie moustache et ses vrais cheveux). Tout cela semble très improbable sur la papier, mais scéniquement, c’est d’une indéniable efficacité, surtout pour moi qui suis particulièrement attaché, au-delà du son, au look, à l’atmosphère, au spectacle proprement-dit.

Ça démarre tout en efficacité avec « Problemas », et ça va envoyer pas mal de morceaux de « Reggalactico », le dernier album en date (qui commence à dater un peu) : « Escucha Tu Corazon » avec sa ponctuation de sax et son indolence qu’on imagine typique du sud de l’Espagne, « Que Voy A Hacer », « Ultimo Amor », excellente avec cette impeccable complémentarité entre guitare rythmique et guitare solo, et bien sûr « R.E.G.G.A.E » et ses très attendus « choubidoubidoubambambam ». On a  droit  à « El Reggae A Go-Go« , extrait du très bon dernier 45 tours sorti chez Liquidator, et il me semble aussi à « Idolos de la Juventud Audaz », et même que c’était entre bien et très bien. Je pense avoir entendu aussi un ou deux titres du « New York City Ep » de 2010, (« New York City »? « Sonda Phoenix » ?), mais c’est vrai que passé une heure du mat à mon âge, les neurones s’emmêlent. Quant aux premiers disques et à la période Psico Rude Boys, je ne saurais dire si elle fut correctement représentée. C’est qui est sûr, c’est que comme prévu Los Granadians a assuré un show d’excellente qualité d’environ 1h20, avec un public franchement réceptif, quoiqu’un peu clairsemé sur la fin (savent pas ce qu’ils manquent les gens).

Comme d’hab, on a passé une pure soirée à Chaligny (c’est vrai, je dis la même chose chaque année), avec un bar très abordable, un sound-system impeccable, une table de distro bien comme il faut, et des groupes  comme on les aime, le tout pour un prix très serré à faire pâlir d’envie nos lecteurs parisiens. Le Solid’Air Fest est un événement incontournable pour nous-autres dans l’Est. Pourvu que ça dure encore au moins dix piges…

Vince

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