SOLID’AIR FEST (The Ready Mades, The Schogettes, 65 Mines Street, Roy Ellis…) – 2 et 3 mars 2018 – Chaligny (54)
Encore un bien beau programme cette année au Solid’Air Fest, et une bien belle affiche, au sens propre comme au sens figuré (regardez comme c’est beau). Et cette fois, les organisateurs ont essayé d’équilibrer les choses en proposant aussi des têtes d’affiches pour le vendredi soir.
VENDREDI : Arrivée tardive pour ma part, vers la fin du set de BLENI, un trio world-pop qui joue pas mal mais qui a un peu servi de musique d’ambiance tant le public avait l’air indifférent. Il faut dire que c’était un peu hors sujet, et qu’avec les caprices de la météo, certains avaient préféré rester à la maison.
Pour THE READY MADES par contre, ça se resserre un peu devant la scène, et c’est normal puisque c’est pile le genre de musique qui parle au public de Chaligny. Et il faut bien reconnaître que The Ready Mades ça tient la route. D’abord le groupe ressemble visuellement à quelque chose. Du col roulé du saxophoniste à la frange du guitariste en passant par la cravate du bassiste, le quintet a le sens du spectacle et il a parfaitement intégré qu’un bon spectacle de soul, c’était aussi une bonne dégaine. Bon point. Et de « Ouagadougou Blues » à « Cut and Run », ça sent le modernisme à plein nez, et moi j’aime ça ! Le mélange soul, rock, yéyé, garage 60’s et plus si affinités est parfaitement réussi, et le son des Ready Mades pourrait parfaitement se retrouver sur le catalogue de Q-Sounds Recording tant on sent des similitudes avec The Adelians ou avec Little Clara et le Chacals (il suffit d’écouter « Baleine ou Cigogne » pour s’en convaincre). Bref, n’hésitez pas à aller voir ça si ça passe dans les parages, et réjouissez-vous, un album arrive bientôt.
La soirée se poursuit avec ZONE INFINIE, groupe punk de Saint Etienne, et si j’ai repéré pas mal de titres qui sonnaient plus que bien, il faut reconnaître qu’avec l’horloge qui avait déjà pas mal tourné, le groupe a eu tendance à un peu vider la salle. Et puis sur le plan du show, c’était trop « je viens, je joue je pars ». Pas forcément très scénique, donc pas évident pour retenir un public au départ déjà assez clairsemé.
Il faudra attendre 0h45 pour voir arriver des SCHOGETTES de Mannheim parfaitement endimanchées. Il est tard, la salle s’est largement vidée, et le groupe n’a pas fait la balance. Il faut donc prendre une dizaine de minutes pour faire les réglages, ce qui en plus de ne pas faire très professionnel a tendance à tuer le mystère. Et comme une balance devant le public c’est le bordel, ben le groupe commence son set sans transition et toutes lumières allumées, les sonorisateurs n’étant pas devins pour comprendre qu’il s’agissait d’un concert et pas d’une balance. Musicalement, si j’avais trouvé le disque très appréciable, il faut bien reconnaître qu’en live (au moins sur ce coup-là) c’est très brouillon. La guitariste qui parle assez bien français s’amuse à nous raconter des choses et d’autres entre les morceaux, et si elle est ultra sympathique, tout son blah-blah casse le rythme. Ça n’est pas fluide, ça n’enchaîne jamais correctement, c’est décousu, et même si les compos sont bonnes, l’ensemble a l’air au final un peu lourdaud. Dommage. Dommage que le groupe ait commencé si tard devant si peu de public. A mon avis trois groupes sur une soirée c’est suffisant, ou alors si on en met quatre il faut absolument que ça démarre à 20h sinon y a plus personne pour voir les derniers monter sur scène.
SAMEDI : Bonne nouvelle : le samedi soir il y a un groupe de moins. ROY ELLIS n’a plus vingt ans et on ne peut pas le faire jouer à point d’heure. Encore à la bourre, je découvre la fin du concert des GROOVIN JAILERS, et j’en entend assez pour constater que les nordistes ont sacrément progressé par rapport à leur dernier passage à Chaligny. Après c’est un peu comme pour Zone Infinie, ça monte sur scène ça joue et c’est pas très spectaculaire, mais au moins quand ça joue ça joue. Et là ça jouait très bien, la rythmique était métronomique et l’ensemble envoyait un vrai message de solidité. Vivement la suite.
La suite s’appelle 65 MINES STREET. Ici c’est un peu le groupe que tout le monde connait, le chanteur habitant à deux pas. Et mine de rien, ça faisait une paire d’années qu’on ne les avait pas vus sur scène. 65 MINES STREET en 2018, c’est toujours très très costaud. D’abord le quintet a fait sa balance, lui. Et ça c’est important. Depuis la sortie du troisième album, on sent le groupe plus carré, plus pro. Et c’est très net dès l’extinction des lumières. Les instruments sont en place, la sono envoie en guise d’introduction « Mucchio Selviago » d’Ennio Morricone (tiré de « Mon Nom Est Personne ») et là déjà on est mis dans l’ambiance. Le groupe a parfaitement intégré que le skinhead reggae s’était toujours nourri du western spaghetti, de Lee Perry à Harry J en passant par les récentes productions d’El Paso Records, et quand le combo arrive sur scène, j’ai les poils qui se hérissent tellement c’est beau ! Et quand il envoie « Agent Orange Is Good For You », j’ai juste envie d’applaudir des deux mains (ce que je fais d’ailleurs). Et ça balance du tube en veux-tu en voilà, du « Whitechapel Murderer » qui claque, du « Nite Shot II » parfaitement calibré pour la danse, du « Walking On Topanga » et son irrésistible solo de clavier, et une superbe « Ballad Of Jerry Lundegaard » pour rester dans cette ambiance 69 qui ravit les rasés à bretelles qui claquent toute leur paye en chemises à carreau de provenance britannique (y en a au moins un qui va se sentir visé). Et puis bien sûr, l’imparable doublette « We Are 65 MS »/ »Do You Exist », habilement placée en milieu de set et non plus au début comme il y a quelques années. Et franchement ça le fait encore mieux qu’avant. J’ai posté une photo du concert du groupe sur Instagram et Chuck Wren, le patron du label Jump Up Records a commenté : « Great band ! We found lots of fans for them in The USA ». « Great Band ! » Le type a tout résumé. Les Américains ont bon goût, et 65 Mines Street est assurément l’un des meilleurs groupes de la scène française.
Alors bon forcément, il faut encore assurer un set avec ROY ELLIS. Du coup le quintet s’éclipse au bout d’une quarantaine de minutes, mais pour revenir un quart d’heure plus tard avec des cravates et une section cuivres. Bim ! Les Magics Plumbers sont dans la place et ça tape très fort avec une « Welcome To The Boss » absolument apocalyptique. Putain que c’est beau ! Roy Ellis grimpe sur scène avec son costard rouge et boum, c’est parti pour « Wung You ». Là y a du monde devant la scène, les cheveux sont courts et ça s’agite dans tous les sens. Et paf, un coup de « One Way Ticket To The Moon » qui met tout le monde d’accord. Des hits des hits des hits… Des hits, le gars en a dans sa besace. C’est parfois plus calme, comme avec « Tonight » ou avec « You’re Mine », mais c’est toujours très appréciable, et repris avec des choeurs comme dans les tribunes de West-Ham quand il s’agit de « The Skinheads Dem A Come ». Classe. Ça se termine forcément sur « Skinhead Moonstomp » et « Skinhead Girl » avec plein de monde sur scène après (quand même !) 1h30 de set propre et net. Roy Ellis a une fois de plus fait le show en descendant dans la fosse faire son mariole malgré le poids des années, et 65 a plus que bien assuré son rôle de backing band pour un concert bien comme on aime.
Super soirée avec trois concerts ni trop longs ni trop courts. Ça finit à une heure décente, y du monde, ça joue bien comme il faut sur scène et les bières sont pas chère. Bravo à l’orga qui chaque année fait du très bon boulot.
Deux petits bémols à mon avis : les groupes sont presque toujours éclairés par l’arrière et on ne voit que les silhouettes des musiciens. Et surtout, les fumeurs font vraiment chier le monde à intoxiquer les non-fumeurs. Un peu de respect pour ceux qui préfèrent éviter de respirer vos merdes que diable ! Je vais souvent à des concerts au Luxembourg ou en Allemagne, et y a qu’en France qu’on voit ça !
Bon allez, j’arrête avec mes remarques de vieux. Vivement l’année prochaine à Chaligny !
Vince