STATUTO – Un giorno di festa – Le Foglie E Il Vento/Sony
UN PEU D’HISTOIRE : Cette histoire là a commencé à Turin en 1983. Vingt ans déjà. STATUTO, c’est un quatuor de mods presque aussi bien sapés que Giuliano Palma, et dieu sait si Giuliano Palma est le roi du costard bien coupé. Après une démo et une poignée de singles, le groupe sort son premier album, « Vacanze », en 1988 chez Toast Records. Et hop, c’est parti pour une série qui n’en fini plus, avec l’année suivante « Senza di lei » sur le même label, et comme le groupe s’est fait connaître, le voilà qui se retrouve sur EMI pour le troisième opus, « Zighidà », en 1992. Et vas-y que j’te signe sur Epic, sur Sony Music et tout le tralala…
Aujourd’hui, Statuto c’est dix-sept disques au compteur (avec les live), et nous en France comme des cons, on sait à peine que ce groupe existe. Il faut dire qu’à l’instar des Bluebeaters de Giuliano Palma, le combo de Turin ne cherche pas spécialement à se faire une place hors d’Italie. En 2010 sort « E’ già domenica » sur SonyMusic, un album qui se vent très bien dans la péninsule, et Statuto embraye par une tournée de plus de soixante dates qui se soldera par un live, « Undici », enregistré à Turin. Au printemps 2013 sort « Un Giorno Di Festa », quinzième album studio de Statuto, bien belle façon de fêter son trentième anniversaire.
LE DISQUE : Mais comment diable ai-je pu passer aussi longtemps à côté d’un groupe pareil ? Comment ? Parce que oui, pour moi, Statuto est une découverte. Une pure découverte ! Musicalement, Statuto mélange le ska, la soul, et un rock que l’on qualifiera de Mod Revival, à la croisée des Small Faces, de The Jam et des Dexys Midnight Runners, avec un peu de Redskins et pour citer un groupe d’aujourd’hui, un chouïa de Suedehead.
Et avec cet énième album, le combo turinois frappe fort, très fort. Ok, sur douze morceaux, on en trouvera bien un ou deux que l’on pourra qualifier de « dispensables », comme par exemple « Non Sperarci » et ses violons qui n’en finissent plus, ou éventuellement « Io Non Ho La Mia Età ». Dispensables peut-être, mais pas désagréables non plus, loin s’en faut.
Surtout il y a le ska, celui qu’on aime, celui qu’on adore, à l’instar de la très joyeuse « Madrid » qui aurait pu avoir été interprétée par Skatala ou par Dr Calypso, de la sautillante « Il Meglio Arrivera » qui ferme la marche, ou de l’imparable « Intercity Firm » façon revival qui se révèle absolument indispensable.
Du bon rock aussi, il y en a en veux-tu en voilà, de « Pedalando Elegante » en hommage à Bradley Wiggins, le mod du Tourmalet, à l’énergique « Colpevole Di Essere Giovane », en passant par « La Mia Citta ».
Mais ce que j’aime par dessus tout sur cet album, ce sont les trois premiers titres qui défilent tranquillou, comme des Fiat 500 sur leur chaîne de montage. Ça démarre fort avec le hit single de la mort qui tue, « Un Giono Di Festa », pure merveille mod-rock cuivrée, ultra stylée, avec un refrain comme on n’en entend pas assez souvent et qu’à mon avis on va pouvoir qualifier de quasi chef d’oeuvre dans pas longtemps. On embraye sur « Invisible », un peu dans la même veine, qu’on aurait pu entendre dans une série du début des années 70, ou dans un James Bond tardif avec Sean Connery dans un costume impeccable au volant d’une Aston Martin taillant la route le long de la côte tyrrhénienne.
Et puis bien sûr, il y a la reprise, la seule reprise de cet album, maquillée en « Rudy Playboy », je dis « maquillée » puisque le titre original s’appelle « Rudi’s In Love ». Comment ça vous ne connaissez pas ? Vous connaissez au moins la version de The Ordinary Boys, groupe à l’ADN assez proche de celui de Statuto ? « Rudi’s In Love » est une chanson de The Locomotive, un groupe anglais de blancs-becs chevelus parmi les premiers du royaume à avoir composé du ska (après avoir repris « A Message To You, Rudy » à Dandy Livingstone ») avant de virer totalement psychédélique (les ravages du LSD…). Et si l’originale est magnifique de finesse, la version de Statuto en italien l’est tout autant, et colle parfaitement à la personnalité de ces mecs qui en plus d’être sapés comme des cadors, ont parfaitement assimilé le meilleur de la culture britannique qu’ils ont subtilement adapté au soleil de l’Italie. STATUTO ! Retenez bien ce nom. On va en reparler bientôt…
Vince
Et voilà le clip en cadeau bonus !