Rude Boy Train

Studio One Rocksteady – Compilation – Soul Jazz Records

UN PEU D’HISTOIRE: Depuis sa création au début des années 90, le label anglais SOUL JAZZ (qui est aussi un magasin et un club situé à Brick Lane à Londres) s’évertue à rééditer, et surtout à compiler des vieilleries, essentiellement issues de la musique noire : Funk, soul, bossa nova, jazz qui fume de la tête, santeria barrée, afro-beat qui pique les yeux… et évidemment, sons jamaïcains allant du ska au reggae au dub en passant par le dancehall, et donc les productions de Studio One, vénérable label/studio de Sir Coxsone Dodd avec lequel Soul Jazz a signé un partenariat.

Après des rééditions de Jackie Mittoo (« Last Train To Skaville »), de Joe Gibbs ou de Sugar Minott, et après les compiles « 100% Dynamite »,   « Studio One Classics », « Studio One Funk », « Studio One Ska » ou « Studio One Soul » (j’en passe et des meilleures), voilà que Soul Jazz s’attaque au genre qui fit la jonction entre ska et reggae en plein milieu des 60’s avec « STUDIO ONE ROCKSTEADY ».

LE DISQUE: Soul Jazz Records soigne ses sorties. C’est sa première qualité. Y a d’la pochette qui claque, y a du livret, et en général les sélections sont vraiment loin d’être vilaines. Et bien sûr, le menu est copieux. Dix-huit morceaux ici, et quasi uniquement du rocksteady chaloupé d’il y a presque cinquante ans (hé oui, déjà !), parce qu’il y a deux ou trois morceaux qui lorgnent un chouïa plus vers le skinhead-reggae ou le reggae tout court (Wailing Souls/The Classics par exemple).

Et ce qui est bien avec ce beau label anglais, c’est que les titres choisis ne sont pas des trucs super usés jusqu’à la corde qu’on a déjà entendu 1.0 fois sur des compilations d’ici ou d’ailleurs. Les artistes, vous les connaissez, y a de la vedettes jamaïcaine, c’est même un peu la dream team le truc : Ken Boothe, John Holt, The Gaylads, The Heptones, Marcia Griffiths, Jackie Mittoo,  Dennis Brown, Alton Ellis… Et si à priori le rocksteady n’est pas mon genre de prédilection, je dois bien avoué que là, j’ai du mal à ne pas être conquis. Effectivement toi qui est un spécialiste du genre, tu fais le blasé ! Mais moi qui ait été biberonné au revival allemand, j’avoue que là, je découvre. et c’est assez jouissif.

The Eternals pour ouvrir le bal avec un « Stars » qui rappelle d’entrée de je que le rocksteady, c’est la soul des jamaïcains, un trucs de lovers qui aiment conter fleurette et usée les danceflooor jusqu’à des heures pas possibles. C’est fin, c’est doux, c’est chaud, c’est la musique qu’on aime. Et sur cette compile, y a vraiment des trucs bizarres qui sortent du lot. « Throw Mi Corn » de Larry Marshall par exemple, fait figure d’ovni pas tout à fait reggae, pas vraiment gospel, à mi chemin entre une déclamation d’Harry Bellafonte et quelques couplets de Toots Hibbert. Et puis franchement, le « Moving Away » de Ken Boothe qui clôt la galette sort lui aussi  vraiment du lot, avec ses drôles de riffs de claviers complètement vintages.

Pour le reste, on ne peut que vous conseiller d’aller faire votre marché en commençant par le début, par le milieu ou par la fin. C’est comme vous voulez. Et ça marche à chaque fois. Je vous indique cependant plusieurs entrées qui me semblent particulièrement savoureuses. Y a les Wailing Souls avec « Row Fisherman Row » qu’on croirait sortie d’un disque de Los Aggrotones, ou avec la plus roots « Pack Up » (sous le nom de The Classics), un groupe que je ne connaissais pas et vers lequel va falloir que je creuse sérieusement. Y a « Me & You » de Carlton and The Shoes qui me fait bien kiffer comme disent les jeunes, et y a le « Whisper To Me » de Cecile Campbell qui fait son petit effet avec cette voix un peu jamesbondienne et cette mélodie un brin inquiétante, voire vaporeuse.

Ceux qui veulent plus de confort iront directement se sustenter du côté de Ken Boothe qui me fait mentir avec son « When I Fall In Love » archi connu, et qui rappelons-le, est une reprise de Victor Young et Edward Heyman déjà réinterprétée (voir réinventée) par une ribambelle d’artistes plus ou moins talentueux (Rick Asley, Céline Dion, Nat King Cole, Doris Day, Tom Jones, Nana Mouskouri…).

Voilà gros, tu sais pas c’que c’est le rocksteady, tu veux découvrir ou tu veux faire un cadeau à ta mère, ben tu vas chez ton disquaire et tu achètes « Studio One Rocksteady » chez Soul Jazz Records. Tu ne le regretteras pas. Promis juré.

Vince

 

 

 

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