THE AGGROLITES – Reggae Now ! – Pirates Press Records
UN PEU D’HISTOIRE : C’est à l’origine pour backer Derrick Morgan aux US que se rassemblent cinq ex-membres de The Rythm Doctors et de The Vessels se mettent à jouer ensemble. Les dates se passent si bien que les cinq bonhommes, Jesse Wagner, Brian Dixon, Roger Rivas, Korey Horn et J. Bonner décident de donner suite à l’aventure en montant leur propre groupe, The Aggrolites, en 2002.
La musique des cinq lascars, souvent affublée du sobriquet « Dirty Reggae » puise ses racines dans le reggae bien sûr, mais surtout celui qui fit vibrer l’Angleterre dans les années 60, celui des Maytals, de Symarip, Delroy Wilson ou Prince Buster, le tout sous haute influence du blues et de la soul de leur contrée natale.
C’est justement Prince Buster qui fait appel à eux en 2003 pour assurer ses dates US, et le King est sidéré de voir la maitrise d’une musique vieille de 30 ans de la part de ces jeunes blanc-becs. Cette même année 2003, ils enregistrent leur premier album, justement nommé « Dirty Reggae » aux quatorze titres d’un reggae sauvage, sorti sur l’excellent label Axe Records.
La nouvelle de l’apparition de ce groupe explosif se répand doucement, certains activistes Européens se chargeant de diffuser la bonne nouvelle et quelques exemplaires choppés en distro. (Merci Ronan RHM !)
C’est la signature en 2004 sur le label Hellcat Records qui fait basculer le destin du groupe. Après un titre sur la compil sampler du label, « Give Em The Boots », le nouvel album éponyme sort en 2006. Les moyens d’Hellcat, chapeauté par Epitaph, leurs permettent d’être distribués un peu partout et de se faire connaître dans le monde. En 2006, ils assurent même la première partie de Madness en Grande Bretagne, avec Scott Abels à la batterie en remplacement de Korey Horn.
Ce dernier sera à nouveau au line-up du groupe pour le 3eme album, « Reggae Hit L.A. » en 2007 qui marche fort sous l’impulsion de son single « Free Time » qui passe sur les radios US. J Bonner le bassiste passe la main alors à David Fuentes, d’Hepcat, mais ce dernier décède quelques semaines plus tard. Les deux groupes joueront d’ailleurs plusieurs concerts hommage sous le nom d’Aggro-Cats. J.Bonner assure l’intérim lors du Warped Tour de 2008 avant l’arrivée de Jeff Roffredo pour la tournée Européenne.
C’est dans cette formation, avec tour à tour Abels et Horn aux fûts qu’il enregistrent leur quatrième album, nommé sobrement « IV » qui sort toujours chez Hellcat en 2009 avec pas moins de 21 titres sur la version CD !!!
En 2011 sort « Rugged Road » un cinquième album plus concis avec ses seulement dix titres et beaucoup d’instrus, sur le petit label Young Cub Records ainsi que chez Grover en Europe… Dans la foulée parait un live, « Unleashed Live Vol.1 » qui restitue assez bien l’ambiance extraordinaire des sets du combo. Mais avec le départ de Brian Dixon, lassé des tournées, remplacé par Ricky Chacon, une page se tourne.
Le groupe se fait dès lors beaucoup plus discret, malgré encore quelques apparitions scéniques, dont une belle tournée Européenne en 2016. Mais la suite se fait douloureusement attendre.
Ce n’est qu’au début de 2019 que la rumeur réapparait, confirmée par la sortie de ce single « Pound For Pound » promo distribué gratos en Flexi : le nouvel album est prêt et va sortir chez Pirates Press Records, excellent label plutôt punk, qui produit les side-projects de Tim Armstrong, The Interrupters ou de superbes repress des albums des Slackers.
LE DISQUE : Ils nous avaient pourtant prévenus les Aggrolites avec leur single avant-coureur « Pound For Pound » : « It’s gonna be strong when you wait along » qu’ils disaient ! Pour l’attendre, on l’a attendu ce nouvel album, mais effectivement, ça valait le coup car il est balèze, drôlement balèze ce « Reggae Now ! ».
Et même si sur ce premier titre très fun, les esclaffes de Jesse Wagner pourront paraître un poil excentriques, on retrouve sur ce titre tout ce qu’on aime chez les Aggros, de la résonnance de caisse claire à la grosse ligne de basse, du groove claviers au refrain qu’on a envie de reprendre dès la première écoute, rien ne manque.
Le ton change sur « Say Or Do », une perle de rocksteady d’amour tout dévoué à la maestria de Roger Rivas, tout en finesse et subtilité et sur lequel Jesse est parfait, comme toujours, tout en retenue. « Groove Them Move Them » est une tuerie d’Early Reggae, aux harmonies vocales terribles, ponctué d’une virgule de vents impeccable derrière laquelle on reconnait l’omniscient Jo Quinones, décidemment partout dès que ça sent bon le roots 60’s sur la côte ouest. Ce dernier frappe d’ailleurs encore plus fort sur l’instru « Jack Pot » qui suit, une fumeuse bombe funky a la rythmique hypnotique sur lequel le bon Roger vient lui tirer la bourre avec gros solo d’Hammond comme il en a le secret.
Pas loin d’un début de skeud parfait, le soufflet ne retombera en fait jamais ! La paire que forme l’Early « Hurry Up » et le rocksteady « Love Me Tonight » est belle à pleurer, il est vrai interprétée, outre les membres du groupe, par les comparses d’Hepcat Deston Berry et Alex Desert, devenus de véritables orfèvres en la matière.
Que les fans du genre se rassurent, le crew de L.A. n’a pas abandonné les gros instrus dont ils ont le secret, qu’ils soient sombres et poisseux, comme le « Western Taipan », avec ses envolées piano/guitare géniales, la funky et délicieusement cuivrée « Invasion » ou le diabolique « 15 Or 50 » et sa démonstration de voltige collégiale que nous offrent la basse de Jeff Roffredo, Jesse à la guitare lead embarqués sur l’Hammond volant de Roger Rivas…
Voilà, voilà… Si on est si exhaustif, c’est que tout est bon ici ! Bien obligé de parler de ce « People Win » avec son refrain aux pecs gonflés à bloc, du léger « Help Man » avec son clavier papillonnant, du ravageur reggae « Why You Rat » et son refrain en mode uppercut du droit direct au foie!
Pas possible de taire non plus le panard qu’on prend en dégustant ce « Aggro Reggae Party », la traditionnelle tune « sing along » de fin de skeud qui vient achever le travail comme un dernier double jab au menton pour le K.O final.
On aura le temps de se remettre tranquille avant une autre écoute avec ce « Shadow Walk » final, savoureuse instru reggae, légèrement dubbé comme on les aime.
Et nul doute que vous l’écouterez et le réécouterez ce « Reggae Now ! » absolument addictif, tant les compos sont formidables, les arrangements foisonnants et la prod parfaite. Qu’on se le dise, The Aggrolites are back !
Bronsky