THE BEATDOWN : L’ENTREVUE
Discussion avec Alex, frontman de THE BEATDOWN, excellent combo québécois early reggae/ska/soul qui a sorti son deuxième album à la fin de l’été dernier. On y cause de leur récente tournée européenne, de Stomp Records et de la scène canadienne d’aujourd’hui…
RUDE BOY TRAIN : Salut Alex, merci de répondre aux question de Rude Boy Train !
THE BEATDOWN : Ça fait plaisir !
RBT : Alors cette tournée Européenne ? Ça s’est bien passé ? Il y a eu du monde ?
THE BEATDOWN : Ça super bien passé et ça s’est avéré être notre meilleure tournée européenne à ce jour. Concerts achalandés et beaucoup de plaisir. Cinq concerts à guichets fermés en plus de quatre concerts en ouverture des Aggros.
RBT : Pas mal ! Tu as senti des différences entre les pays où vous êtes allés ? Y a plus de monde en Allemagne qu’en France non ?
THE BEATDOWN : C’est certain que l’Allemagne est un terrain de jeu fertile pour un groupe comme nous, tout comme l’Espagne et l’Autriche. Pour ce qui est de la France, on fait tranquillement notre bout de chemin mais pour des raisons que j’ignore, nous avons toujours moins de concerts qu’ailleurs. Mais ceci dit, nous avons de très bons concerts en France dont Toulouse mais aussi Bordeaux, Grenoble etc…
RBT : Strasbourg aussi… Y a une association là-bas qui se bouge bien ! ( http://www.vdkasso.com/ )
THE BEATDOWN : Oui nous y avons joué. C’était en fait le soir de notre 250e concert. Soirée mémorable !
RBT : Super ! Dommage que j’aie pas pu me déplacer… C’est effectivement un problème chez nous le manque de public et de concerts ska/reggae… Je n’arrive pas non plus à expliquer pourquoi, mais beaucoup de groupes nord-américains « évitent » la France…
THE BEATDOWN : Je crois que c’est le système d’assos qui rend le processus plus lourd pour les groupes étrangers. Mais bon, je peux me tromper…
RBT : Peut-être. J’habite près de la frontière allemande et quand je vais en Allemagne je vois tout de suite la différence… La France est bien organisée autour des ses salles subventionnées par l’Etat, mais le ska et le reggae (non roots) restent un genre marginal, une « niche » comme on dit ici… Et puis avec la loi sur les quotas d’artistes francophones, c’est toujours un peu plus difficile en France pour ceux qui chantent en Anglais… Comment a été accueilli votre deuxième album ? Au Québec et ailleurs…
THE BEATDOWN : Très bien. Ça été un album composé pour le live. Donc en concert, la réaction est bonne. Du côté de l’album en soit, nous avons eu de très bonnes critiques. Donc tout va pour le mieux !
RBT : Pourquoi avoir monté The Beatdown plutôt que de continuer The One Night Band ? Après tout, le deuxième album de The One Night Band est plus proche musicalement du premier Beatdown que du premier One Night Band non ?
THE BEATDOWN : Nous étions au point ou tellement de monde avait quitté le navire du ONB, que ça devenait un peu bizarre que s’acharner sur un projet rendu vide de sens (j’étais le seul membre original restant). De plus, avoir à récupérer le matériel du ONB en concert pour les fans alors que la formation n’était plus du tout la même, je pense entre autres au temps du premier album ou nous avions des cuivres, ça devenait lourd et c’est pourquoi nous avons décidé de faire peau neuve. Ce n’est pas tant que nous voulions aller ailleurs tant que ça musicalement, que de repartir sur des nouvelles bases un projet plus viable et plus représentatif d’ou on était rendu et de ce qu’on voulait faire. Voilà !
RBT : Ok je m’en doutais un peu… Et au passage je suis très fan de « Hit and Run » du One Night Band, un magnifique album !
THE BEATDOWN : Merci beaucoup ! Nous avons eu beaucoup de plaisir à le faire !
RBT : J’adore le clip de Trigger aussi
THE BEATDOWN : Ça c’était moins plaisant à faire… Lendemain de veille !
RBT : Dur ! Tu travailles pour Stomp Records je crois ?
THE BEATDOWN : Oui
RBT : Vous êtes combien à travailler pour le label ? Y a toi, le chanteur des Planet Smashers… ?
THE BEATDOWN : Et deux autres personnes. Quatre au total.
RBT : D’accord… Vous avez toujours la boutique rue Saint Denis ?
THE BEATDOWN : Non cette époque est révolue. En fait, je ne l’ai pas connue en tant qu’employé… Donc ça fait plus de sept ans que c’est fermé.
RBT : Ah oui, moi j’y suis passé en 2002… Ça ne date pas d’hier !
THE BEATDOWN : Plus de 10 ans !
RBT : Les albums de The Beatdown sortent donc naturellement sur Stomp… Mais vous pouvez envisager des sorties sur d’autres labels ? Pour certains groupes Stomp par exemple, People Like You sort une édition européenne (The Creepshow, The Brains…). Où alors c’est vous qui éditez des groupe de chez PLY (Peacocks par exemple)
THE BEATDOWN : Notre premier album est sorti sur l’étiquette Leech Redda (CD) et Liquidator (LP) Le deuxième album est sorti sur Destiny Records. Donc oui, nous travaillons avec d’autres labels que Stomp. Je parle du marché européen. Aux États-Unis, nous avons sorti un simple sur Asbestos Records et au Japon, nous nous sommes retrouvés sur une compilation de Ska In The World Records.
RBT : Bientôt l’Australie alors ?
THE BEATDOWN : « Hit & Run » est sorti en Australie sur Care Factor et nous y sommes allés en tournée Je crois que l’intérêt pour sortir l’album en Australie est là. Mais il faudrait le supporter avec une tournée et ça, c’est très dispendieux de s’y rendre et donc de rentabiliser une expédition du genre. Donc, pour l’instant, on consacre nos énergies sur d’autres territoires comme l’Europe par exemple !
RBT : Oui j’imagine… C’est pas avec les tournées à l’étranger que vous vous faites beaucoup d’argent je suppose… Le principe c’est même plutôt d’éviter d’en perdre
THE BEATDOWN : Nous sommes bien organisés et avec le temps, nous avons appris quoi faire et ne pas faire pour que les tournées à l’étranger soient profitables. On ne parle pas d’être riches mais disons qu’on s’en tire. Ça fait douze ans qu’on fait de la tournée… On commence à savoir un peu comment ça fonctionne!
RBT : En tout cas c’est un beau métier !
THE BEATDOWN : On en profite à fond !
RBT : Sur les albums de The Beatdown et sur le deuxième album du One Night Band, on sent un virage early reggae/soul assez net par rapport à ce qui faisait le One Night Band au début. C’est toi l’instigateur de ce changement ? Est-ce que l’explosion de The Aggrolites par exemple a eu une influence sur ton inspiration, sur tes envies ?
THE BEATDOWN : C’est une évolution… Le premier du One Night Band, on se cherchait comme groupe et non pas que je renie cet album du tout, mais il a fallu le faire pour se rendre compte où on voulait vraiment aller. L’arrivée des Aggrolites n’y est pas pour rien, mais j’attribuerais plus cette évolution au fait que nous tournions beaucoup, donc nous avons appris à nous connaitre. Puis les cuivres ont quitté le bateau et Larry Love a pris les devants avec l’orgue. Notre son se définissait tranquillement vers autre chose, nos goûts musicaux aussi, notre expérience dans l’écriture de chansons… Ça a vraiment été une lente évolution qui s’est faite naturellement sans rien à voir avec les Aggrolites. On les aime bien mais nos influences sont plus ancrées dans le old school: Ken Boothe, Upsetters, Derrick Morgan, etc.
RBT : Il est fort ce Larry Love ! Mais c’est plus un musicien additionnel maintenant… Il a fait la tournée avec vous ?
THE BEATDOWN : Non, Larry, c’est avant tout un ami. Et un proche collaborateur du groupe. Nous jouons avec lui régulièrement, nous enregistrons et composons ensemble. Par contre, pour la tournée, on garde ça à quatre. Il va se joindre à nous pour des concerts autour de Montréal mais ça se limite à ça.
RBT : Vu d’ici, on a l’impression qu’il y a plutôt une belle scène ska/reggae au Québec, et notamment à Montreal. Avec en plus d’autres très bons groupes vers Toronto qui font du punk ou du psychobilly… Qu’en penses tu ?
THE BEATDOWN : Oui tu as raison. Nous avons une belle scène. C’est fou, les gens ici ne s’en rendent pas compte et la prennent pour acquis. Nous avons de bons groupes, des belles salles, des labels qui supportent ces groupes et du monde aux concerts. Par contre, pour ce qui est du reggae/ska, l’Europe est beaucoup mieux que le Canada car à part les grands centres (Montréal, Toronto, Vancouver qui est à cinq jours de voiture), il n’y a vraiment rien.
RBT : C’est vrai que Stomp et ses groupes, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. En dehors du label et de ses groupes, on ne voit pas grand chose. A part un peu en ska-punk. Il y avait Keepin 6 ou The Barrymores par exemple…
THE BEATDOWN : Tout à fait. Ces deux groupes sont morts depuis quelques années déjà.
RBT : Qu’est ce que tu connais comme groupes français ?
THE BEATDOWN : Marcel et son Orchestre, Les Caméléons, Branlarians, Béru, Skarface, Two Tone Club, Bobby SixKiller, La Ruda Salska , et la liste s’allonge…
RBT : La liste s’allonge oui. Il y a des bons groupes qui pointent le bout de leur nez ces denrières années ! Mampy, Rockin’ Preachers, The Sarah Connors, Woodsenders… 65 Mines Street tu les connais je pense ?
THE BEATDOWN : Oui, je connais The Branlarians et 65 mines street pour avoir joué avec eux.
RBT : 65 Mines Street je trouve que c’est un des meilleurs groupes français actuels. Avec Two Tone Club, toujours énorme !
THE BEATDOWN : En effet, je suis d’accord avec toi.
RBT : Qu’est-ce que deviennent les anciens musiciens de General Rudie ?
THE BEATDOWN : Bonne question. Un des gars habite en Finlande, l’autre en Allemagne et les autres sont à Montréal je crois…
RBT : Y en a pas un qui joue dans The Fabulous Lolos ? (si ça existe encore)
THE BEATDOWN : Oui je crois, mais Fabulous Lolos est comme un allstar band. Ils jouent une ou deux fois par année pas plus, et la formation change à chaque fois.
RBT : Ok… Tu peux me dire quels sont les projets de The Beatdown à court terme ?
THE BEATDOWN : Pour les projets à venir… Nous planifions sortir un EP de quatre chansons en vinyle. Ça devrait voir le jour au printemps. Puis nous planifions revenir en Europe aussi au printemps. Ensuite les festivals en été au Québec, puis le Japon à l’automne…
RBT : Une année bien chargée alors ?
THE BEATDOWN : Haha… Comme on aime oui…
RBT : Et sur Stomp, des sorties en ska/reggae ?
THE BEATDOWN : Un album solo pour Matt Smasher et honnêtement, je crois que c’est tout, du moins pour l’instant
RBT : Intéressant l’album solo de Matt ! Merci pour l’info, on va surveiller ça de près. Et pour finir, il y a un groupe (ou plusieurs) que tu veux faire découvrir aux lecteurs de Rude Boy Train ?
THE BEATDOWN : Un groupe que j’aime bien avec lequel j’ai travaillé à la réalisation d’un disque, c’est The Skinny. Un trio reggae/ska sans guitare. http://www.skinnyreggae.com/
RBT : Ça sort bientôt ?
THE BEATDOWN : En fait c’est déjà sorti depuis quelques mois…Un genre d’EP de 6 chansons.
RBT : Ok, je vais aller voir… En tout cas merci d’avoir répondu aux questions de Rude Boy Train, et longue vie à The Beatdown !!!
THE BEATDOWN : Merci encore pour l’entrevue ! A bientôt !