Rude Boy Train

THE BUSTERS – Supersonic Eskalator – Ska Revolution Records

UN PEU D’HISTOIRE: Wiesloch, près d’Heidelberg. c’est là que tout démarre en 1987. THE BUSTERS, c’est plus d’un quart de siècle de ska, sans le moindre split, sans le moindre hiatus, sans la moindre chute de régime. Des changements de line-up par contre, il y en a eu. The Busters à presque toujours été un groupe à deux chanteurs, avec notamment l’exceptionnelle paire des débuts (jusqu’à « Sexy Money »), Thomas Scholz et Klaus Huber, et puis bien sûr il y avait, jusqu’en 2000, le compositeur et bassiste Markus Grittner…

Treize albums en 27 ans, trois live, un superbe best-of  en 1997 avec les morceaux entièrement réenregistrés (« Boost Best »), des concerts à la tonne, mais surtout en Allemagne où le groupe a connu pas mal de succès, trois premiers disques archi cultes et une rencontre au  sommet avec Laurel Aitken en 1989. The Busters a sorti ses albums sur WeserLabel, puis sur Sony Music, Dogsteady et Ska Revolution Records, le label créé pour le groupe par Markus Schramhauser, l’un des deux claviers.

En 2014, The Busters compte toujours en son sein cinq musiciens qui sont présents depuis les (presque) débuts, et a été rejoint au chant par un certain Dr Ring Ding, co-chanteur officiel du combo sur « Supersonic Eskalator », dernier opus en date publié tout récemment sur Ska Revolution Records.

LE DISQUE : Youpi ! C’est bon d’écouter un nouvel album des Busters en 2014. Je sais, y’en a qui se disent que tout cela est un peu éventé, un peu passé, un peu désuet. Mais je n’en fais assurément pas partie. Car le ska des Busters, rapide, cuivré, revival, c’est par là que j’ai démarré, et c’est à ça que je suis resté scotché quand j’étais minot et que je suis tombé sur « Ruder Than Rude ».

Ici, du ska revival uptempo, y en a au kilo, au quintal, à la tonne, et dès l’entame, la chanson titre »Supersonic Eskalator » donne le là. Boudiou que c’est énergique, speed, véloce, et toujours superbement maîtrisé ! Avec un petit « All The Things », on reste dans une rythmique soutenue, mais un chouïa en deçà de la précédente, et plus loin, « One More Time » ne démérite pas non plu en filant à 200 à l’heure avec style. J’adore « Love & Glory », parangon de ska song revival diablement cuivrée, avec un Ron particulièrement à l’aise sur le plan vocal, et toujours ce petit voile bien particulier, comme s’il avait passé sa jeunesse à fumer des Gitanes, toujours bien servi qu’il est par un trio de cuivres qui souffle, qui impulse, qui donne du volume et de la puissance. Superbe.

Y a « Back In New York » et « Stronger » qui font  aussi bien la blague, et on comprend plus qu’aisément que c’est pas sur ses acquis qu’un groupe aussi expérimenté va se laisser piéger. 

Surtout, on est obligé de constater qu’avec « Supersonic Eskalator », le son Busters a changé. Il s’est diversifié, remodelé, redéfini, et c’est à n’en pas douter lié à l’arrivée de Dr Ring Ding au chant. Dr Ring Ding est connu pour son ska 60’s avec The Senior Allstars, avec le Freedom Street Band, avec Kingston Kitchen (un brin plus jazzy) ou aux côtés de Doreen Shaffer ou de Lord Tanamo, ainsi que pour ses plans reggae ou dancehall avec le Sharp Axe Band ou avec Dreadsquad. Mais on oublie parfois que lui aussi est arrivé au ska par la porte revival avec El Bosso und Die Ping Pongs à la fin des années 80. Richie réussit donc parfaitement à s’acclimater à l’univers des Busters, et va même jusqu’à signer ou co-signer les deux tiers des morceaux ici présents. Ça donne « The Money », un bon early reggae des familles qu’on n’aurait jamais imaginé trouver sur un album du combo de Wiesloch, et quand les Busters rendent hommage au grand Laurel Aitken avec l’impeccable voix de Richie sur « When Laurel Was Young », on flirte avec les sommets, et on constate qu’en plus d’être un excellent chanteur, Richie est un impeccable songwriter qui a tout compris à l’univers du godfather of ska dont il reprend le vocabulaire et les arrangement pour mieux lui exprimer son respect et sa gratitude.

Et comme s’il fallait encore enfoncer le clou du virage 60’s des Busters, on a droit juste après à un « Don’s Diner » de haute volée, qu’on aurait pu trouver sans problème sur un album de Jump With Joey ou du New York Ska Jazz Ensemble.

Voilà. Moi je suis une fois de plus totalement conquis. Cette équipe-là, c’est un peu comme la Mannschaft, ça joue toujours au plus haut niveau, et même s’il  a pu y avoir des années avec et des années sans, on sait qu’on a affaire à une valeur sûre capable de revenir au top comme ça, sans crier gare. Revenir au top… C’est ce que The Busters vient de faire une fois de plus avec son treizième album.

Vince

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