The Clash Goes Jamaican – Golden Singles Records – 1ere partie
UN PEU D’HISTOIRE: GOLDEN SINGLE RECORDS est un label espagnol basé du côté d’Alicante et drivé par Dr Jau, incontournable personnage de la scène locale. Le label a déjà sorti pas mal de belle références aussi variées que David Hillyard & The Rocksteady Seven, El Gran Miercoles, Mr T-Bone, RedSoul Community, Sensi Simon and The Golden Singles ou Dr Jau and The Peanut Vendors… Bref, des Espagnols mais pas que.
En début d’année, le label annonce son intention de sortir une compilation dédiée à The Clash, groupe que Jau affectionne tout particulièrement, mais à la sauce ska/rocksteady/reggae, sur un double vinyle (le format de « London Calling ») limité à 500 exemplaires, avec pas moins de 31 artistes et autant de morceaux. Le double LP est sorti fin septembre, et vous pouvez le choper ici.
Ça n’est évidemment pas la première fois qu’une compilation consacré à The Clash, l’un des groupes les plus importants de l’histoire du rock, et on se souvient notamment de « Burning London » en 1999, avec No Doubt, Mighty Mighty Bosstones, Rancid ou Moby, et « The Clash Tribute, The Never Ending Story » en 1991, sorti sur Released Emotions Records avec notamment les frenchies de PKRK ou des Cadavres.
Récemment encore, plus d’une décennie après la mort de Joe Strummer, le Clash a été réédité en quasi intégralité (« Cut The Crap » ayant été écarté) à l’occasion de la sortie du monumental coffret « Sound System » avec un design signé Paul Simonon et un remastering de Mick Jones. Cette somme nous rappelle plus que jamais à quel point The Clash a été influencé par la musique jamaïcaine.
LE DISQUE: Quinze titres pour le premier disque de ce double LP ! Le programme est copieux, et le contenu mérite le détour, que l’on soit fan du Clash ou qu’on préfère les Frères Bogdanov.
Ça commence par « Spanish Bomb » version Red Soul Community, titre bien agréable dont on vous avait déjà parlé à l’occasion de la sortie du dernier album du quintet de Grenade et juste après, Jazzbo se prend à un classique parmi les classiques, « White Riot », dans une version aussi lente et posé que l’originale était speed et foutraque. Le résultat, à défaut de convaincre tout à fait, est un exemple de titre revisité de fond en comble, et quand une reprise est à se point réinterprétée, je dis banco.
Les Argentins de The Crabs Corporation y vont d’un version totalement reggae de « Ghetto Defendant », et restent donc dans l’ambiance de l’originale, et leurs compatriotes de Smocking Flamingos envoient une relecture early de la très fameuse « Train In Vain », totalement instrumentale ici. Bien ou bien ?
« Dr Jau », le tôlier, passe un peu à côté de « London Calling », la faute à un chant pas très à propos, et à un pur tube de légende pas évident à sublimer, et quand Rude Hi-Fi & The Lickshots » nous interprète « I Fought The Law » (qui d’ailleurs est de Sonny Curtis et pas de The Clash), on se croirait échappé d’un vieux disque de Toots & The Maytals, en un chouïa moins bien, reconnaissons-le.
Les Ricains de Green Rooms Rockers eux, on choisit « Clampdown », choix judicieux puisqu’il leur permet une réinterprétation rythm’n’blues de bon aloi, et juste derrière, les toujours très bons Transilvanians reprennent « Gates Of The West » en rocksteady pour draguer les copines, avec des chœurs féminins superbes et une finesse toute espagnole (encore que Ska-P hein…). Bon point, très bon point.
« Lost In The Supermarket » est reprise par Daniel Lopes & The Rumba Box, très habillement, très humblement, mais avec une classe assez inouïe sur une implacable rythmique qu’on a du mal à définir, par vraiment ska, pas tout à fait rocksteady, peut-être bien skinhead reggae, mais en tout cas parfaitement calibré et astucieusement arrangée. A coup sûr l’un des excellents moments de cette bien belle galette.
Sputnik & The Golden Singles Band a jeté son dévolu sur « Janie Jones », et come pour « White Riot », le morceau est assez méconnaissable, et là aussi pas complètement convaincant. On lui préfèrera largement la version d’abord très punky reggae à la Ruts de « English Civil War » par les très bons américains de The Crombies, qui vire rapidement au two tone endiablé taillé pour faire danser la fosse. Grosse impression pour un groupe à suivre assurément de près.
King Django et son pote Rocket T, accompagnés par les inénarrables Stubborn All-Stars, réussissent l’exploit de reprendre avec style « Lose This Skin », l’un des titres très casse-gueule de « Sandinista », le triple album totalement barré du Clash. Par contre Django devrait peut-être penser à arrêter de se pincer le nez quand il chante.
Les Kriptolites font du skinhead reggae sur « Police On By Back », bien mais pas top, et les Parigots de The Sarah Connors s’en sortent pas mal du tout avec « Lover’s Rock », malgré un voix probablement mixée un peu trop en avant.
Et tout ça se termine avec les surfeurs de Le Grand Miercoles et une version instrumentale absolument impeccable et très originale de « Straight To Hell », entre balade, reggae et dub de superbe facture, avec toujours évidemment, une guitare omniprésente, comme s’il s’agissait d’une composition d’un Lee Scratch Perry qui aurait grandi entre Santa Fe et El Paso.
Première partie réussie avec les honneurs. On revient vendredi pour vous parler de la seconde qui est encore un cran au-dessus. Et oui, c’est possible. Merci Le Grand Miercoles, merci The Crombies, merci Daniel Lopes… Et merci The Clash.
Vince