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The Crabs Corporation – The Many Faces Of The Crabs Corporation – Jump Up Records

UN PEU D’HISTOIRE:  THE CRABS CORPORATION, c’est le combo mod-reggae de Buenos Aires qui s’est formé en 2007 et qui a sorti un 45 tours en 2009, « Let It Go », avec en featuring Jenny Matthias, chanteuse des Belle Stars, et Dave « Double Barrel » Barker qu’on ne présente plus. Après avoir été présent sur deux compilations, The Crabs Corporation enregistre un nouvel Ep en 2010, « Bring down The Birds », avec le célèbre briton King Hammond (AKA Nick Welsh – ex Bad Manners/Selecter dexième période). Le disque (comme le précédent), sort sur Records Kicks, le label ultra vintage de Milan branché soul, funk, jazz, afrobeat et reggae.

En 2011, le combo sert de backing-band à Roy Ellis, et début 2013, il sort un single avec Susan Cadogan avant d’annoncer qu’il entre en studio pour enregistrer ce qu’on croyait être un premier album mais qui sera un EP six titres au format « 10 » qui sort en septembre 2013 sur Jump Up Records avec à nouveau un featuring de Jennie Matthias et la présence, derrière la console, de Mario Siperman de Los Fabulosos Cadillacs.

LE DISQUE: The Crabs Corporation, c’est le groupe early reggae, soul, acid jazz de Bueno Aires, et c’est aussi un groupe plus vintage qu’un épisode d’Amicalement Vôtre. Cette fine équipe a du style, beaucoup de style, et ça se ressent dans sa musique, mais aussi beaucoup dans son artwork et dans son imagerie. Le pochettes de disque son super soignée, et les affiches je vous dis même pas. Les filles ressemblent à Twiggy, y a de la coupe au carré, des sapes d’il y a quarante ans avec du violet, de l’orange, du rose et du taupe en mode robe Courrege/Barbarella/LouiseMonotDansOss117 et moi je trouve tout ça super classe. Ils sont forts ces Anglais, ils ont réussi à exporter leur modernisme jusqu’en Amérique du Sud.

Côté son, on a juste droit à six morceaux, mais alors c’est un quasi sans faute pour qui aime le skinhead reggae. En face B par exemple, y a « The Hard Mod Beat », un titre assez rapide avec un clavier omniprésent sur lequel Handy Keys Clark vient poser un flow qui pourrait être celui de Nick Welsh ou de Boss Van Trigt. C’est beau, c’est propre, c’est pas particulièrement inventif mais c’est tellement bien balancé qu’on signe direct des deux mains. Et « The Sort », qui démarre la galette, est à peu près du même acabit, entre classe et sportswear, mais alors avec des fringues Madcap, Gabicci ou Slazenger.

Le titre avec Jennie Matthias au chant, « Hush It », est à mon avis le tube du disque, globalement reggae, mais avec un magnifique refrain qui part dans une soul d’excellente facture pour tout niquer sur son passage. « Breakdown » part dans un agréable délire funky à la Huggy Les Bons Tuyaux/Foxy Brown/Superfly, et un peu dans la même veine barrée, « Do It », en fin d’EP, pourra paraître un brin chiante à la longue.

Mais ce qu’on retiendra avant tout de « The Many Faces Of The Crabs Corporation », c’est un morceau majeur chanté en français, « La Secrète Cohérence De Toute Une Vie D’errance », qui là, au moment où j’écris, fait bizarrement écho à « l’Etrange Couleur des Larmes de Ton Corps », le film d’Hélène Cattet et Bruno Forzani qui vient juste de sortir. La base est reggae, c’est chuchoté par Pablo Krantz, un chanteur argentin qui a vécu à Paris, ça fait forcément penser à Gainsbourg ou à Biolay, et même que ceux qui s’en souviennent penseront au Gérard Presgurvic de « Détective » (pas celui de « Roméo et Juliette » hein). Le mélange reggae/chanson française fredonnée, presque parlée, est du plus bel effet et donne à ce mini chef d’oeuvre une vraiment fière allure en plus de lui apporter une petite touche d’originalité. Même si l’accouplement du reggae et de la chanson française mal peignée, c’est vrai, ça ne date pas d’hier. Aux armes, etc…

Vince

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