THE CROMBIES – Dance Crazee – Jump Up Records
UN PEU D’HISTOIRE : THE CROMBIES, c’est un combo américain originaire de Chicago amateur de son two tone créé en 2010 autour de musicos qu’on a déjà pu apercevoir chez des pointures locales comme les trop rares Deal’s Gone Bad ou Lord Mike et ses Dirty Calypsonians.
The Crombies envoie dès 2011 un 45 tours chez Jump Up Records, le label du coin qu’on ne présente plus, avec dessus une reprise de « Blood and Fire » de Niney The Observer, et « Mad At The World », empruntée à Deal’s Gone Bad. Les reprises, The Crombies aime ça, puisqu’en 2013 il sort un split 45 tours avec Green Room Rockers sur lequel il reprend « English Civil War » du Clash pour Jump Up Records, puis pour la fameuse compile espagnole « The Clash Goes Jamaican » de Golden Singles Records.
« Dance Crazee », leur premier album, est sorti au printemps 2016 chez qui ? Chez Jump Up Records, forcément.
LE DISQUE : Onze morceaux au compteur, dix reprises. Car oui, les Crombies ont pondu une chanson originale. Il s’agit de « It’s Not You », et c’est d’assez belle facture. Mais avant ça, le disque commence sur « Monster Ska », énième adaptation de la série comico-horrifique du (presque) même nom, et disons-le clairement : ça ne casse pas trois pattes à un canard même si c’est plutôt pas mal interprété.
On préférera largement la version ska de « Blood & Fire », le standard de Niney The Observer qui par sa vitesse rappelle un peu ici la version live de Radio Bemba (Manu Chao). Quand The Crombies reprend Deal’s Gone Bad, ça donne « Mad At The World » et c’est certainement l’un des grands moments de ce disque : la voix pop est impeccable, le solo de gratte et pile où il faut, pile quand il faut, et le refrain est tout simplement irrésistible.
Les reprises de Prince Buster, « Wash Wash » et « Dance Cleopatra » ne feront pas monter grand monde aux rideaux, et on appréciera plutôt « It’s You », empruntée aux Maytals, voir « Levi Stubb’s Tears » de Billy Bragg, interprétée ici avec de la simplicité, mais aussi pas mal d’efficacité dans une tradition purement two-tone.
« Hey little Rich Girl » par The Specials est un chef d’oeuvre de ska-song parfaitement bien gaulée, mais ici, malgré la présence de Roddy Byers à la gratte, ça tourne à vide et ça n’apporte rien à l’originale, même si forcément, le fan de base écoute ça avec un certain plaisir. Même sanction pour le « Prince » de Madness » (déjà que c’est pas mon morceau des Maddies préféré), qui ne supporte pas la comparaison avec « English Civil War » de qui vous savez, et qui s’impose ici dans une version pleine d’énergie avec juste ce qu’il faut de rage. Beau boulot.
Voilà donc le premier opus des Crombies, enfin. C’est très influencé par les fin des 70’s et le début des 80’s, c’est totalement two-tone, dans l’esprit comme dans le son, mais le problème avec les albums de reprises en mode « fan de » c’est que ça manque considérablement d’originalité. Quitte à jouer les morceaux des autres, autant aller les chercher ailleurs et à les travestir, comme ont pu le faire avec classe les Bluebeaters, ou dans un autre registre les frenchies de Nouvelle Vague. L’ensemble est néanmoins efficace et roboratif et on se prend même à regretter qu’ils n’aient pas ajouté à la tracklist leur version de « Plastic Gangsters » des 4 Skins. Comme quoi on râle après les reprises, mais finalement on en réclame…
Vince