Rude Boy Train

The Gramophone Allstars Big Band – Jazzmaïca – Bankrobber

Jazzmaica cover artUN PEU D’HISTOIRE: THE GRAMOPHONE ALLSTARS, c’est encore un groupe espagnol, de Barcelone, qui a démarré sa carrière au milieu des années 2000. Un premier album, « Just Delightin », sort en 2008 sur Silver Records, suivi en 2010 par « Simbiosi » et en 2011 par « Levitant A La Deriva », tous deux sur Liquidator Music.

Pour son quatrième opus, le groupe a décidé de changer de crèmerie, puisque « Jazzmaïca » est sorti à la rentrée 2014 sur Bankrobber, label barcelonais, avec une grande formation de quinze musiciens (neuf cuivres), rebaptisée pour l’occasion The Gramophone Allstars Big Band, car de Los Angeles à Melbourne en passant par Nancy, Sao Paulo ou Buenos Aires , les big-band sont décidément à la mode.

LE DISQUE : Et avec un titre pareil, aucune tromperie sur la marchandise n’est possible. The Gramophone Allstars Big Band la joue ska-jazz, quelque-part entre Jazz Jamaïca donc, et leur voisins espagnols de The Oldians qui eux, opèrent dans le velours et dans une formation bien plus légère.

Car à quinze, la formation catalane envoie le bois comme s’il s’était agi d’accompagner Frank Sinatra ou Dean Martin dans un casino d’Atlantic City. Ça souffle dans tous les sens, y a des couches de cuivres qui s’ajoutent aux couches de cuivres, c’est propre c’est pro, et même que c’est diablement mélodieux. Et moi pourtant, le son à la Jazz Jamaïca, je ne suis que moyennement fan ( j’étais même assez fortement ennuyé lors d’un de leurs concerts à la fin des années 90).

Et les Gramophone, s’ils maîtrisent à priori plutôt bien leur sujet, ne sont pas non plus les derniers pour se prendre les pieds dans le tapis de la technique dont ils tentent de faire une démonstration. La preuve dès l’entame avec « Scambalena », un morceau qui aurait dû être magique, mais qui se perd en circonvolutions inutiles, affaibli qu’il est en plus par un break assez mal venu dans le second tiers, qui disons-le, frise même la cacophonie. Et pourtant, quand le groupe se remet sur les bons rails, tout va bien, tout sonne bien et tout passe bien.

Lorsque le groupe sort des sentiers instrumentaux et que Judit se met à pousser la chansonnette, ça peut être bon, très bon, très ska, très jazz avec pas mal d’accents soul aussi, comme sur « Color Him Father », et avec « Miracles » ça peut même très sympathiquement virer funky comme chez Isaac Hayes, les poils au torse en moins, et même que c’est maîtrisé de A à Z. Et côté funk bien seventies, « Funky Kingston » ne sera pas en reste – on se croirait dans un épisode de Starsky et Hutch – même si c’est moins classe, moins stylé que le morceau précité, et puis la deuxième moitié, c’est vrai, est un peu lourdingue.

« If You Can Want » démarre comme un titre soul, mais le tempo est résolument ska, et le son de flûte traversière pas désagréable, avec un refrain bien accrocheur et bien sûr une armée de cuivres qui souffle aussi fort que Poséidon dans « Jason et les Argonautes ». « I Wish » la joue coolos, rocksteady jazzy et aussi funky, forcément, puisque le morceau est emprunté à Stevie Wonder. Ici aussi, les Espagnols ont tendance à se perdre dans les détours, promenades et autres breaks, mais c’est avec « Sophiscated Babylon » que j’ai le plus de mal… Trop de longueurs, trop de « je m’écoute jouer », trop de « t’as vu comme il est beau mon solo ». Dans le genre big band, je préfère largement « (When) Twinstin’ I Love Him So », qui pourrait presque s’être évadé d’un album du Brian Setzer Orchestra, en un peu moins swing, en un peu plus ska.

« Can’t Get Enough » fait plutôt bien la blague, malgré un long outro complètement inutile, et « Wise Two » vient se poser comme un cheveux sur la soupe en milieu d’album, avec tambour et trompette, et même que ça part encore une fois un peu dans tous les sens. Berk.

Bon moi, franchement cet album, à la première écoute, je l’avais trouvé un peu lourdingue. Mais force est de constater que quand on s’accroche un peu et qu’on se le passe trois fois, quatre fois, cinq fois, six fois, sept fois, on finit par s’agripper à une branche ici ou là, et à finalement apprécier les deux tiers des morceaux. The Gramophone Allstars est un groupe loin d’être manchot, qui devrait juste penser à débarrasser un peu son mélange de tous ces tics, manies et autres scories qui ont tendance à polluer l’ensemble.

Vince

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