THE KUBRICKS – The Heist – Skallywag Records
UN PEU D’HISTOIRE : THE KUBRICKS est un groupe de Londres créé en 2008. Le groupe est influencé par Madness et il joue un peu partout dans le royaume, avant de se poser en 2012 pour composer son premier Ep, « Wasters & Wannabes », enregistré au Blue Studio sous la houlette d’Andrew Tulloch, un ingénieur du son/producteur spécialisé dans l’enregistrement d’albums live (il a travaillé pour Elton John, Robbie Williams, Madness, PIL, Archive, Killing Joke, KISS…).
Le disque sort un an plus tard sur Skallywag Records et sera suivi par une petite poignée de singles.
C’est donc près de quatre ans après son Ep que le groupe se décide à sortir sont premier album, « The Heist », toujours sur son label maison, avec Toby Davies à la prod et Horseman en invité. Vous avez dit événement ?
LE DISQUE : Oui enfin événement… Disons que le disque a bien du mal a sortir autrement qu’en numérique. Le vinyle n’est toujours pas sorti d’usine, et le CD est disponible uniquement sur CD Baby à un prix assez prohibitif. Mais on ne va pas attendre d’être en 2018 pour vous en parler, donc nous y voilà…
Je préviens tout de suite les fans de son à l’ancienne : The Kubricks, c’est tout le contraire. Ici la base est two tone, on a parfois des influences revival, mais l’ensemble sonne très british et très 2017 avec une production moderne.
Le disque démarre plutôt dans un registre ska uptempo avec l’excellente chanson-titre, la voix du chanteur est totalement britannique, comme dans un épisode de Chapeau Melon et Bottes de Cuir, et le solo de trombone aussi efficace que barré. C’est de la grosse prod avec de l’efficacité jusqu’à ras bord et ça s’écoute avec plaisir une fois deux fois dix fois.
Derrière, les Kubricks nous balancent un gros reggae/ragga qui poutre (le disque est finalement très reggae) avec Horseman en featuring (le même que chez The Skints) et Alex Osiris, et faut bien reconnaître que leur participation est impeccable et que la chanson a une putain d’allure de bombinette. Et ne vous fait pas un dessin sur « Down With The Dogs » qui dans un registre cousin (le ragga en moins) fait des merveilles. J’aime le chant impeccable, les arrangements aux petits oignons et la prod de Toby Davies classe comme du Peter Miles.
« Better Of Me » est un chouïa plus anecdotique, mais pas « D Is For Danger », calme jusqu’à l’arrivée du refrain où l’on pense que tout va exploser mais non, on reste dans un registre contenu mais toujours très intense. Et « Break Of Day », reggae encore, plutôt classique dans sa construction, est une merveille d’enchevêtrement de cuivres, de voix, de basse qui ondule et de batterie qui sert de solide colonne vertébrale à l’ensemble.
Retour au ska avec « Living In The Night », géniale de A à Z, et avec « The Trouble In Your Life » qui ferme la marche. On pense forcément au revival allemand d’il y a 30 ans et aux Busters, et avec les « hoho » de la première et le refrain de la deuxième, on se rappelle quand on était minot avec des bretelles à damiers et qu’on empilait les galettes Pork Pie sur l’étagère de la piaule. Ce ska-là, c’est tout ce que j’aime.
Le reste du disque est au même niveau de qualité, peut-être un tout petit peu trop dominé par le reggae au détriment du ska, et certains enchaînements, « Body Don’t Speak » et « Morning After » par exemple, sont dans des registres un peu trop proches, même si la seconde, avec son final très électro essaye de se démarquer.
On lui préférera « Paradise », la beauté de sa gratte, la finesse de sa basse, la métronomie de son phrasé. On affirmera que The Kubricks est ce que l’Angleterre a produit de plus intéressant depuis Buster Shuffle, et que « The Heist » est à n’en pas douter l’un des albums de l’année.
Vince