Rude Boy Train

THE SKA FLAKES-I DO IT EVERYDAY-TARANTULA RECORDS

UN PEU D’HISTOIRE: Si Le Havre a toujours eu la réputation d’une ville rock, elle n’a jamais été tellement ska, ni plus reggae, ayant seulement donné le jour à quelques groupes ayant tendance à fusionner les trois styles sus-nommés. On a bien eu une dizaine d’année Le Ska Cover Klub, une chouette formation reprenant efficacement des gros classiques de toutes époques, qui avait brillement assuré des premières parties prestigieuseS comme  celle de 8°6 Crew ou les Slackers, mais cela restera sans suite.

Il a fallut le déménagement de Laurent Watteel aka Lord Guns, ex leader de Bizness, le groupe Dieppois des années 90 qui avait notamment sorti un split album avec les débutants Los Tres Puntos chez NoCo, le label de Skarface, dans la citée océane pour que le tir soit enfin corrigé. Après la rencontre avec Regis Redge Broussin, musicien local touche à tout et grand fan de ska, ils fondent Mr Speaker Ska qui se contente de monter un set de reprises, plutôt solide, mais qui ne survivra pas aux envies opposées de plusieurs membres.

C’est avec une nouvelle rencontre avec Fred Mandeville, l’ex batteur des Ska Cover Klub que les choses sérieuses commencent. Les trois briscards rassemblent une poignée d’autres musiciens passionnés autour de ce nouveau groupe, The Ska Flakes. Si les premières répètes se font sur des covers, les premières compos arrivent rapidement et sont plutôt convaincantes. A force de travail et de très bonnes sessions live, le bouche à oreille est là et ils financent aisément via crowd funding l’enregistrement de ce premier huit titres, nommé « I Do It Everyday » sorti ce dimanche grâce a Tarantula Records sur toutes les plateformes, qui verra le jour en vinyle en septembre

LE DISQUE: Qu’on ne s’y trompe pas à l’écoute d’Harry Bellafonte en intro de cet album, on n’a pas ici à faire à une version sixties de la musique que l’on aime. Non, The Ska Flakes font plutôt dans le ska qu’on qualifiera facilement de « revival », du genre plutôt charpenté, celui que défendait si bien quelques groupes Nordiques et Allemand entre la fin des années 90 et les débuts 2000, impression bien renforcée par la présence uniquement, à une exception près,  de deux saxophones aux vents.

Sur ce « Oh! Jamaica » d’ouverture, plutôt pépère avec sa basse bien ronde et des percus omniprésentes, la recette matche assez instantanément, et c’est avec un plaisir régressif non feint qu’on se surprend à siffloter cet air limpide, à taper du pied et à accompagner Lord Guns sur le refrain.  « Boots » qui suit, est une des premières grosses surprises du skeud: Le reggae est surpuissant avec une rythmique lourdissime, subtilement dubbée, et les guitares très électriques quasi-punk, les arrangements électroniques fusants de toutes parts ainsi qu’un chorus de sax impérial, bien repris par un mélodica entêtant font de ce titre une sacré réussite.

Plus loin, « Skanking In LH » est un chouette titre early remixé à la sauce British, fun et dansant, à jouer à fond dans la caisse, toutes fenêtres ouvertes, avec encore une belle ligne de sax, pendant que « Bullshit », dans la même veine, envoie sans complexe son refrain inspiré du « Pass The Dutchie » de qui vous savez pour un moment tout aussi cool. L’instru reggae « Dusty Cowboy » paraît par contre un peu plus stérile, malgré une ambiance western plutôt bien plantée.

Mais les deux grosses réussites de l’album sont naturellement à ranger au rayon ska: « Pick It Up Stylee », avec ses guitares façon ska-punk US alliées à une rythmique two-tone bondissante et des sax encore impeccables est un titre d’une diabolique efficacité, et que dire de « The Ska Flakes », assez monstrueux two-tone avec encore avec des guitares tranchantes comme des rasoirs, des sax explosifs et un beau piano en final en guise d’évident hommage aux Maddies, ça joue vite, ça joue bien et ça sent bon la puissance du hit qui pourrait aisément passer nos frontières.

L’album se termine par une très cool version reggae du « Folson Blues » de Johnny Cash, un des premiers titres mis sur le métier par les Havrais, et la réinterprétation, funky a souhait et bien cuivrée, est tout a fait délicieuse.

Belle entrée en matière pour mes locaux de the Ska Flakes: si les compos paraitrons peut-être relativement basiques, la fougue et l’énergie manifestement investie compensent très largement. Le tout, enregistré en mode live en seulement deux prises, atteint pourtant un niveau de prod tout à fait surprenant. L’originalité de ton, aux influences multiples allant de Kingston à Londres en passant par LA,  et le relatif anachronisme du style développé,  surtout pour un groupe français, en font clairement un petit ovni et en tous cas un des trucs les plus funs sorti dans nos contrées depuis plus dix ans. Avec ce « Do It Everyday » que je trouve assez addictif, The Ska Flakes nous proposent une belle cure de jouvence qui devrait être remboursée par la sécu! LH baby!

 

Bronsky

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