Rude Boy Train

THE SKA VENGERS – The Ska Vengers – Autoprod

79941863-1[1]UN PEU D’HISTOIRE: THE SKA VENGERS nous vient de New-Delhi et s’est formé fin 2009 autour du clavier/chanteur Stefan Kaye. Composé de neuf musiciens, The Ska Vengers fait du ska mélangé avec du reggae, du ragga, de la pop et un poil de jazz, et donne des concerts un peu partout dans le pays en se faisant connaître du grand public avec sa chanteuse au physique avantageux (Miss Tamara C,  qui est aussi accessoirement présentatrice sur une chaîne de télé de New-Delhi).

De l’été 2010 à l’automne 2011, le combo a squatté un studio pour enregistrer son premier album qui a tardé à venir mais qui est finalement disponible (depuis le 21 décembre 2012 seulement) sur la table de merch pendant les concerts. Pour nous autres qui habitons à des miliers de kilomètres, un lien iTunes sera bientôt dispo. Et en attendant, il y a toujours bandcamp. http://theskavengers.bandcamp.com/album/the-ska-vengers

LE DISQUE: Et voilà, encore un disque dont on entend parler depuis des lustres !  Sauf que cette fois c’est bon, il est enfin sorti.

Et ce qui est bien avec les groupes un peu exotiques, c’est que le son est différent. C’est clair qu’un Ska Vengers indien, ça ne sonne pas comme un Dr Woogle allemand, un Two Tone Club français, un Soweto espagnol, un Beatdown canadien ou un Deal’s Gone Bad americain. The Ska Vengers fait du ska comme on fait un poulet tandoori, avec des ingrédients du coin, des trucs qui te font bizarre en bouche et qui peuvent te filer des soucis gastriques,  mais qui ont l’avantage d’avoir un goût très prononcé. N’allez pas croire non plus que ça ressemble à du Ravi Shankar 50’s. L’Inde est une ancienne colonie britannique, le chant est en anglais et l’esprit two tone n’est jamais très loin.

Mais quand même, ce premier album contient quelques morceaux de vraie musique pour toxicomanes. « Bam Intifada » par exemple, c’est du pur son de déglingos. La première moitié se la joue ragga traînant à la Anthony B avec une voix de fille en rab, et en plein milieu ça vire jungle à la Asian Dub Foundation avec de la boite à ryhtme derrière et une putain de scansion de mitraillette. Ça dure plus de six minutes et après ça, t’as juste envie d’aller boire une boldoflorine. Et dans le genre barré, les Ska Vengers nous envoient aussi  un « Rough and Mean » bien planant et un brin plus digeste, avec cette ligne de basse à la « Magnificent Seven » et encore un savant mélange entre phrasé à la jamaïcaine avec des dreads qui sentent la weed, et chant jazz de diva à mi-chemin entre le râle de l’accouplement et la gouaille d’une dame patronesse dans un bordel de Bangkok.

Mais bon, fort heureusement y en a aussi pas mal pour les oreilles plus chastes. Une version plutôt classique de « Mr Big Stuff », un « I Put A Spell On You » emprunté à Screamin’ Jay Hawkins, et un début d’album pas du tout craspouille, avec la brochette « (Why Don’t You) Do Right »/ »The Boy Who Radiates That Charm »/ »Vampire »/ »Gunshot » d’assez belle facture bien que très variée.

Le disque se clôt sur « Ska Vengers Badda » dans une ambiance revival à l’allemande tous cuivres en avant, au milieu duquel le groupe à cru bon de balancer un break un peu longuet et même un chouïa casse-couilles, heureusement sauvé de la décadence par un final à fond la gomme qui picote les tympans.

Certes, The Ska Vengers gagnerait à faire un peu plus dans la sobriété, mais avec ce premier album dont on ne peut nier l’originalité, il réussit à repositionner habilement le sous-continent indien sur l’échiquier du ska mondial. Allez donc y jeter une oreille attentive…

Vince

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