Rude Boy Train

The Skatalites – Walk With Me – Liquidator Music/Jamaican Jazz Records

Walk With MeUN PEU D’HISTOIRE: THE SKATALITES ! Groupe de légende ! Les patrons, c’est eux. Les parrains, c’est eux. Les premiers, c’est eux. Formé en 1964 autour de Don Drummond (trombone), Tommy McCook (sax), Roland Alphonso (sax), Lester Sterling (sax), Johnny Moore (trompette), « Jah Jerry » Haynes (guitare), Jackie Mittoo (clavier), Lloyd Brevett (contrebasse) et Lloyd Knibb (batterie), le groupe publie la même année son premier album, « Ska Authentic », sur Studio One. La carrière des Skatalites démarre très fort, mais un incident va y mettre un terme en 1965 : Don Drummond est reconnu coupable du meurtre de sa petite amie. Il est donc incarcéré et décèdera en prison en 1969. Pendant ce temps, Tommy McCook monte The Supersonics, et Roland Alphonso crée The Soul Vendors.

Durant les années 70, le groupe opère des micros reformations, le temps d’enregistrer quelques morceaux en studio, mais c’est réellement en 1983 qu’il se reforme, à l’occasion du Regge Sunsplash de Montego Bay. Leur nouvel album, « Return Of The Big Guns », en publié en 1984 sur Mango, une filiale d’Island Records. A la fin des années 80, les membres du groupe partent s’installer aux Etats-Unis, et recommencent à tourner à partir de 1989. En 1990, Jackie Mittoo décède et sera remplacé par Ken Stewart. Devon James lui, a déjà pris la place de Jah Jerry à la guitare.

Pendant les deux décennies suivantes, le groupe sortira de nombreux albums, tellement nombreux qu’on du mal à s’y retrouver entre les disques officiels, les compilations, les rééditions, les éditions étrangères différentes des éditions originales ou les live… Le groupe tourne énormément durant les années 90, notamment avec Doreen Shaffer au chant, mais les musiciens vont disparaitre les uns après les autres et Tommy McCook et Roland Alphonso ne verront jamais l’an 2000.

Après la mort de Lloyd Brevett et de Lloyd Knibb (qui sont au ska ce que Sly and Robbie sont au reggae) entre 2011 et 2012, il ne reste plus des membres originels que Lester Sterling, accompagné par des musiciens plus jeunes comme Kevin Batchelor au Val Douglas. En 2012, le groupe n’existe donc plus vraiment, mais un nouvel album, « Walk With Me », qui contient les dernières sessions d’enregistrement de Lloyd Knibb, voit le jour en douce sur Wrasse Records. Il sera édité en Europe en septembre 2013 sur Liquidator Music et Jamaican Jazz Records.

LE DISQUE: Bon ben on ne va pas se mentir, je n’étais pas vraiment chaud comme la braise à l’idée de chroniquer le dernier Skatalites. Certes, c’est un grand groupe, certes, ils nous réservent souvent quelques compos bien envoyées, mais la dernière fois que j’avais eu l’occasion de les voir en live, j’étais plus que resté sur ma faim. Il faut dire qu’à part Lester Sterling, Lloyd Brevett et Lloyd Knibb (accompagnés il est vrai par la grande Doreen), il n’y avait plus un seul ancien au sein de la formation. Et encore ça, c’était avant, puisque maintenant les deux Lloyd ne sont plus. Le groupe d’aujourd’hui d’ailleurs, ne de devrait à mon avis même plus s’appeler The Skatalites, car les Skatalites sont morts, et que les nouveaux musiciens, aussi bons soient-ils, ne pourront jamais remplacer de pareilles légendes.

Voilà un peu où j’en étais avant d’écouter ce « Walk With Me » arrivé tardivement sur le vieux continent. Hé oui hé oui, sauf que cet énième album, contre toute attente, est plus que fréquentable. Oui, le combo jamaïcain n’apporte rien de très nouveau à son répertoire déjà bien fourni en classiques de chez classique, et oui, on peut parfois considérer qu’il a tendance à tourner en rond à force de balancer des solos en veux-tu en voilà sur des boucles rythmiques interminables. Mais sur « Walk With Me », on est obligé de succomber à la classe absolue de « Lalibela »,  titre magnifique composé par le guitariste français Aurélien Metsch, comme quoi, y a pas qu’à Kingston qu’on sait faire de la grande musique. Et le reste de l’album est franchement à l’avenant, de « Piece For Peace » qui a la bonne idée de nous servir un solo de piano (y a pas que les cuivres dans la vie) d’une rare finesse, avec par derrière une basse aussi simple qu’efficace, à la très sautillante « The Leader » qui porte décidément bien son nom.

Evidemment, quand Doreen Shaffer joue des cordes vocales on dit bravo (« Love Is The Way »), et le groupe de nous ressortir ses traditionnelles vieilleries, « King Solomon » par exemple, écrite par Coxsone Dodd ou par Lloyd Brevett (les avis divergent) il y a très longtemps, ou « Song For My Father », standard du jazz emprunté à Horace Silver et immortalisé par Roland Alphonso dans sa version ska durant le premier hiatus des Skatalites.

Bref, le groupe légendaire, ou plutôt ce qu’il en reste, fait du neuf avec du vieux mais pas que, et nous sert avec « Walk With Me », un album parfaitement recommandable qui, s’il n’invente pas la machine à cambrer les bananes, met à notre disposition quarante minutes de son jamaïcain bien agréable, à écouter le matin au réveil ou le soir au coucher, ça c’est vous qui voyez…

Vince

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