Rude Boy Train

THE SOUL CHANCE – The Soul Chance – Obeah Records

UN PEU D’HISTOIRE : Comme par hasard, The Soul Chance nous viens de la côte ouest des USA, de Bakersfield, pas si loin de Los Angeles… Comme pour conjurer le mauvais sort qui fait de ce bled la capitale country qu’on appelle souvent « West Nashville », le groupe s’évertue depuis 2017 à nous produire des petites pépites reggae enregistrées sur du matos 100% vintage, à la recherche du son perdu des Upsetters ou des Hippy Boys.

Ils ont sorti en 2018 pas moins de cinq 45 tours, sur trois labels différents, Obeah Records, Funk Night Records et les excellents Colemine Records, label du dernier Jr Thomas. Il y a eu aussi le très bon « Welcome To Reggae City » présent sur la compil’ « The Birth Of The 4th Wave Of Ska » d’Angel City Records…

C’est donc non sans une certaine impatience qu’on attendait leur premier LP, déjà sorti en digital depuis déjà quelques jours mais en vinyl, chez Obeah Records, seulement en cette fin de semaine.

LE DISQUE : Ce « The Soul Chance » par The Soul Chance, ça aurait pu être le meilleur album d’early reggae de l’année. Sauf qu’un peu plus tôt sont passés par là The Aggrolites. Mais The Soul Chance ça joue pas tout à fait dans le même registre et leur album est quand même rudement fameux !

S’il y avait une référence à vous balancer pour attirer le chaland, ce serait évidemment Derrick Harriot, dont ils reprennent sur pas moins deux titres, dans deux versions différentes, le célébrissime « Tonight ». Si on aurait tout autant aimé un format «Discomix » plus habituel, les Californiens nous proposent tout d’abord « I Tried My Best », sorte de version un peu dub, orgue Hammond en tête puis « Tonight », fidèlement ré-interprétée, jusqu’aux bout de ses percussions…

Voilà pour la tonalité, on est dans le pur reggae soul, aux instrus bien profondes, aux rythmiques lascives et vintages, dans un esprit finalement assez proche de celui des Volcanos, Frightnrs et autres Steady 45’s, quand ces derniers posent le jeu. Et le plus formidable, c’est que ça prend parfaitement : en ouverture « My Best Guy » dévoile un groupe qui maitrise son sujet avec ses claviers qui montent au front et la voix, que dis-je, les voix de Nico Collins, souvent dédoublées en guise de chœurs font des merveilles. La combinaison matche forcément aussi en mode rocksteady sur « Give Love A Try »,  d’une limpidité sublime.

Ils sont nombreux d’ailleurs les titres où chaque note, chaque accord, chaque arrangement semble avoir été pesé et sous-pesé encore et encore pour obtenir l’équilibre parfait : le groovy « Mr Stranger » et son refrain soulissime, très «Girls Band » 60’s, ou le reggae « Is It Any Wonder » au tempo si cool qu’on le croirait joué au ralenti avec ses cuivres subtilement retenus, sont deux délices d’un niveau peu ou pas entendu cette année.

Deux excellents boss reggae viennent compléter ce tableau quand même assez idyllique : « The Feeling Is Reel » qui porte drôlement bien son nom, avec un chorus d’Hammond méchamment entêtant, ou encore le plus funky « Don’t Brag » avec son air de flûte qui lui donne une fraîche signature, même si la voix de Nico Collins semble un poil moins à l’aise dans ces tonalités plus basses.

Le tout se termine le plus naturellement du monde par un véritable bain de soul avec une version plutôt réussie du « Sitting In The Park »  popularisé par The Uniques nommé ici « Why Wait » bien encadrée par deux morceaux 100% 60’s, avec le tempo espiègle de « Tell Me Darling »  mais aussi et surtout « You’ll See Me », une tuerie de slow groovy et langoureux, veritable démonstration de production vintage.

Voilà, ils nous faisaient baver depuis longtemps ce LP de The Soul Chance, et on avait rudement raison… Le travail  façonné à l’ancienne n’offre que joie à nos oreilles et chaque nouvelle écoute est toujours plus épatante…

Un des « must have » de 2019, cela va sans dire !

Bronsky

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