Rude Boy Train

THE SUFFERS – The Suffers – Autoprod

UN PEU D’HISTOIRE : C’est à Houston, Texas, que démarre l’aventure de THE SUFFERS vers 2011, autour d’Adam Cataneda et de Pat Kelly (un autre Pat Kelly). Le groupe aime la musique jamaïcaine, mais va très rapidement s’orienter vers la soul, avec sa chanteuse pleine de charisme, Kam Franklin.

En 2013, The Suffers publie en autoproduction un 45 tours, « Slow It Down/Step Aside », absolument extraordinaire, et on se dit qu’avec ceux-là, on tient une des formations rocksteady qui va frapper fort au cours des années suivantes.

Oui mais… à l’instar des The Pepper Pots et sans qu’on sache vraiment pourquoi, le combo abandonne les sons jamaïcains pour se consacrer entièrement à la soul music.

L’Ep quatre titres « Make Some Room » sera publié en 2014, avec le single « Gwan » très remarqué (le groupe jouera notamment au « Late Show » de David Letterman), et en février 2016, un premier album dix titres (lui aussi autoproduit) arrive dans les bacs.

LE DISQUE : On peut regretter que le combo d’Houston ait totalement délaissé le rocksteady, on doit même le regretter, tant leur premier 45 tours avait des allures de mini chef d’oeuvre. Oui certes, mais en soul music, The Suffers se débrouille plus que pas mal. La preuve avec ce premier LP qui s’est fait attendre, qui ne comporte que dix titres, dont cinq sont déjà connus puisqu’ils étaient sur l’Ep et le 45 tours à l’époque en écoute sur bandcamp (leur page est désormais offline).  Donc en fait le rocksteady n’est pas totalement absent du disque, puisqu’on y trouve « Slow It Down ». Oui mais quand même…

Oui mais quand même on ne va pas trop faire la fine bouche puisque la fine équipe envoie vraiment de la très grosse soul de compétition. C’est pas forcément la soul que je préfère, celle qui file à toute allure façon northern avec une armée de cuivres qui beuglent comme si c’était sur ska revival, mais dès l’entame avec « Make Some Room », on se dit que c’est solide, très solide, et qu’il est juste hallucinant qu’aucun label n’ait signé un dectet qui joue aussi bien.

L’une des qualité principales de The Suffers réside dans l’organe de Kam, la chanteuse qui n’a rien à envier à personne, et qui a le bon goût de ne se contrôler et de ne pas envoyer la sauce piquante à tout bout de chant comme s’il fallait gagner les jeux olympiques de la plus grande gueule. Ça se confirme sur « Dutch », une chanson tout en finesse, avec bien sûr derrière un groupe qui maîtrise son sujet de A jusqu’à Z et qui sait aussi changer d’ambiance, comme sur « Midtown » juste après, nocturne, urbaine, chargée d’ambiance jusqu’à la gorge, avec un refrain qui sait s’énerver pile quand il faut, juste comme il faut.

On applaudira des deux mains à l’énergie superbement canalisée de « Gwan », LE single imparable, à la construction habile et funky, avec une section cuivres impeccable, une rythmique aux petits oignons et une Kam des grands jours. C’est très très bon, et même s’il s’agit d’une des plus évidentes saillies de l’album, il conviendra de reconnaître qu’ici rien n’est à jeter, des ambiances jazzy de « Better » à la rythmique à la cool de « Peanuts » (son clavier, sa guitare solo, son refrain), en passant par le relent de beat jamaïcain qu’on retrouve sur « Good Day », et par la très longue (7 mn) « Giver », chantée un maximum d’intensité par Kam comme si sa vie en dépendait.

The Suffers vient de sortir un excellent album qu’il convient d’écouter avec attention car il ne se livre pas à la première écoute. On s’incline et on croise les doigts pour que ces dix-là reviennent tantôt avec plus d’inédits et qui sait, peut-être avec des ambiances un peu plus inspirées par les plages de Négril et les faubourgs de Kingston, que par les bars de Houston et les club de jazz de la Cinquième Avenue.

Vince

 

 

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