Rude Boy Train

THE UPPERTONES – Closer to The Groove – Brainlab Groove

Closer To The Bone cover art

UN PEU D’HISTOIRE : THE UPPERTONES, c’est un groupe atypique. N’allez pas imaginer une grande formation façon North East Ska Jazz Orchestra. Non, du côté de Turin, on préfère jouer à trois seulement : Mr T Bone au chant et au trombone et Count Ferdi à la batterie, deux transfuges des Bluebeaters, et Peter Truffa au piano et aux choeurs, un ricain souvent fourré en Italie qu’on a déjà aperçu aux côtés du New York Ska Jazz Ensemble et des Bluebeaters période Giuliano Palma.

Pas tout à fait des débutants, les trois gaillards ont décidé en 2015 d’unir leurs forces pour monter The Uppertones, un trio assoiffé de vieux boogie, de blues, et de vieilleries jamaïcaines. Leur premier album, « Closer To the Bone », vient pile poil de sortir sur Brainlab Groove, et une tournée européenne (faisant escale à Marseille) vient juste de démarrer.

LE DISQUE : Atypique, assurément. Si The Uppertones et un groupe de reprises, il n’est pourtant pas jumeau de The Bluebeaters, car avant de se consacrer au son jamaïcain, le trio préfère s’intéresser aux vieilleries de derrière les fagots trouvées du côté de la route 66, de New York ou de la Nouvelle Orléans. Au programme donc, douze morceaux, et pas de Laurel Aitken, ni de Desmond Dekker, ni même de Britney Spears ou de Kraftwerk. Ici, on préfère s’attaquer à Louis Prima ou à Louis Armstrong, même si à la toute fin on trouve une reprise de Ken Boothe. Par ses influences d’ailleurs, ce « Closer To The Bone » n’est pas sans rappeler le « More Louis, Lads » de Louis Louis Louis, le très bon groupe anglais dont on vous avait parlé l’année dernière.

Alors effectivement, si vous venez ici pour chercher du son made in jamaica, vous risquez d’être déçu, car The Uppertones, ce n’est pas un groupe de ska, ni de rocksteady, ni de reggae. Sauf que le boogie, ce blues sautillant joué au piano qu’on nous sert ici, est l’une des bases sur lesquelles le ska est apparu à la fin des années 50. Il était donc logique que ces Italiens/Américains reviennent à leurs racines et nous envoient ce son vintage.

Ici, j’aime la joie qui se dégage de l’ensemble, et notamment de « When You’re Smilling », la bien nommée, ainsi que de « Angelina », empruntée à Louis Prima, sur laquelle le trio a invité un certain Jesse Wagner à venir pousser la chansonnette. Et à l’écoute d’un titre comme celui-là, et notamment de cette rythmique jouée au piano, on comprend aisément le cousinage entre Byron Lee & The Dragonnaires et le son qui faisait danser le Sud des Etats-Unis dès les années 20.

On appréciera aussi ce standard absolu qu’est « Saint James Infirmary », popularisée par Louis Armstrong et déjà repris (notamment) par Kingston Kitchen sur le superbe « Today’s Specials ». C’est un habile mélange de jazz et de blues, râpeux, moite, enfumé comme un vieux bouge de Bâton Rouge, entre une procession funéraire du Vieux Carré Français et une cérémonie vaudoue en l’honneur du Baron Samedi. Et on se prend à danser avec pas mal de plaisir à l’écoute de « The Great Pretender », morceau emprunté aux Platters, superbement interprété ici façon ska/boogie par un combo qui maîtrise son sujet et qui laisse apparaître, c’est le moins que l’on puisse dire, son amour pour cette musique typiquement américaine, chargée d’histoire, que « Crying Over You », de Ken Boothe donc, vient clore de bien belle manière.

Vince

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