Rude Boy Train

The Upsessions – Shake It ! – Grover Records

Afficher l'image d'origineUN PEU D’HISTOIRE: En 2014, THE UPSESSIONS est l’un des chefs de file de la scène européenne. Souvent early-reggae, parfois rocksteady ou ska, le combo néerlandais de Haarlem (près d’Amsterdam) emmené par Boss Van Trigt (un temps passé par Rude Rich and The High Notes) avait déjà sorti trois albums : « The New Heavyweight Champion » en 2006 sur Moon Ska Europe, « Beat You Reggae » en 2009 chez Excelsior Recordings et sur Grover Records, et « Below The Belt » en 2011 sur les mêmes labels.

Très souvent présent sur les routes de France comme un peu partout en Europe, The Upsessions s’associe de temps à autre à Flo Strober aka The Prince Of Rudeness (batteur/chanteur des SteadyTones) pour former The Judge Dread Memorial, un groupe qui comme son nom l’indique reprend sur scène le répertoire de feu Judge Dread, ce vieux skinhead anglais amateurs de braguettes qui montent et qui descendent.

En 2013, Boss Van Trigt a en outre sorti le premier album de son side-project, Boss Capone, dans un registre très proche de The Upsessions.

En fin d’année, le groupe est entré en studio pour enregistrer « Shake It ! », son quatrième album, publié le 30 mai 2014 sur Grover et sur Excelsior Recordings, avec un petit invité sympathique nommé Lee « Scratch » Perry.

LE DISQUE: On le sait tous, The Upsessions est un groupe très efficace sur scène, et le départ récent de Giel Mulder, son inénarrable tromboniste/danseur/choriste, a été en partie comblé par l’arrivée d’une vraie section cuivres (trompette + trombone) qui vient donner du coffre à l’ensemble, à défaut de lui insuffler la bonne dose de fantaisie.

Mais personnellement, je trouve les albums de The Upsessions parfois faits de bric et de broc, ce qui peut avoir tendance à leur donner un côté bancal et à rendre difficile l’adhésion à leurs sons du début jusqu’à la fin puisque des morceaux de génie peuvent côtoyer des pistes qu’on pourra qualifier de dispensables. Pourtant, et c’est bien là le paradoxe, le plaisir ressenti à l’écoute d’un disque de The Upsessions est aussi lié au fait que le groupe mélange les styles et varie les ambiances. Tout devient alors une question de dosage.

Et ce qui frappe dès les premières écoutes de « Shake It ! », c’est que Boss Van Trigt et ses potes semblent avoir trouvé la bonne formule, le bon équilibre.

La voix pas extraordinaire du chanteur est très bien utilisée avec juste ce qu’il faut de backing-vocals ici où là, toujours beaucoup de finesse dans la façon dont les voix se complètent (« Coolie Weed »), et avec une légèreté qui donne à l’ensemble un côté très digeste extrêmement bien venu.

Le disque commence, une fois n’est pas coutume, par un très bon plan calypso (« The Big Bamboo Treat »), et l’enchaînement de tout ce qui fait le son de la Caraïbe, ska, rocksteady, early reggae avec parfois un zeste de funk, toujours parfaitement maîtrisé par le combo batave,  est absolument jouissif. On apprécie l’instrumental ska « Dirty Cash », balancé à l’ancienne comme un vieux Byron Lee, comme juste après, le rocksteady « Kitty Bush » qui sent bon les collines de Jamaïque et son très beau refrain.

La chanson-titre, « Shake It ! », est une merveille de skinhead reggae qui tortille du cul bien comme on aime, et avec « Hold Your Wining », le groupe met de la vitesse dans son ska pour faire danser les garçon et les filles dans une ambiance de fin de soirée dans un bal de Negril ou de Montego Bay. On apprécie (à petite dose) le côté 70’s de « Funky Lumpini » qui nous renvoie à l’époque des pantalons avec le bas trop large, et on pousse les meubles pour skanker comme des malades sur « Millicent », la bonne petite dose d’énergie tranquillement calée vers la fin du skeud.

Mais forcément, « Shake It », c’est aussi la participation discrète mais remarquée de Monsieur Lee « Scratch » Perry, l’homme qui ferait passer Sébastien Patoche pour un croque-mort. La légende jamaïcaine fait de tous petits featurings sur « Cool The Pepper » et ses arrangements dub, presque entièrement instrumentale, sur « Look Who Dem A Boss Now », sur Sweet Pussy Bad Cat », sur « Punani Strike » et sur « The Big Bamboo Treat » où comme pour les titre précités il se contente de quelques mots en introduction. Pas plus. Ceux qui étaient venus chercher ici LA rencontre historique entre le chanteur/producteur culte et le groupe néerlandais le plus en vue en sont pour leurs frais.

La rencontre, la vraie, a pourtant bien lieu sur un titre placé au centre du disque, « 1 000 000 Tons Of Reggae », sur lequel Lee Perry vient ici et là poser sa voix traînante dans une ambiance proche du « Return Of Django » de 1969. Perry est présent et bien présent, par la production, par les arrangement, et par l’évidence de la référence plus que par la présence vocale qui elle, passe vraiment au second plan. Ça nous rajeunit pas et ça tombe bien, c’est pile ce que recherchent les gars de The Upsessions qui aiment le son d’autrefois et qui avec ce « Shake It ! » de très bonne facture réussissent à mêler habilement nostalgie et modernité.

Vince

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