WESTERN STANDARD TIME – A Big Band Tribute To The Skatalites – Simmerdown Productions
UN PEU D’HISTOIRE : WESTERN STANDARD TIME est un bigband de Los Angeles qui reprend le répertoire des Skatalites.
C’est pas super original vous allez me dire, après tout, plein de groupes reprennent (pillent) le groupe jamaïcain : The Sabaudians en Italie, The Skamanians en France, Dancing Mood en Argentine…Sauf que là, attention le casting qui tue ! L’orchestre regroupe quelques-unes des plus belles pointures de la scène ska/reggae californienne, voyez plutôt : Brian Dixon à la guitare (producteur, ex-Aggrolites, ex-See Spot…), Korey Horn à la batterie (ex-Aggrolites, actuel batteur de Suedehead), Tom Cook au trombone (The Debonaires), Joey Altruda à la contrebasse (frontman de Jump With Joey), Kincaid Smith à la trompette (Hepcat), David Ralicke lui aussi au trombone (Jump With Joey), Brian Wallace au sax (Mobtown)… Ça rigole pas.
Le groupe a sorti son premier album, « A Big Band Tribute To The Skatalites » chez Simmerdown Productions au cœur de l’été 2012. La release party a été filmée et on espère une sortie prochaine en DVD.
LE DISQUE : Bon forcément, on va être tenté de comparer ce disque du groupe de L.A à celui des Skamanians de Perpignan. Forcément puisque les deux s’attaquent au répertoire des maîtres, ceux sans qui on ne serait peut-être pas là à écrire nos chroniques. Sauf que la comparaison va tourner court, puisque le frenchies, même s’ils n’avaient pas démérité (loin de là), ne jouent pas tout à fait dans la même cour que les Californiens.
Il suffit de poser le disque sur sa platine pour comprendre. D’emblée ça sonne ! Ça sonne large, ça sonne ample, ça sonne puissant, ça fait un barouf du feu de dieu comme quand tu laches une caisse au-dessus du Grand Canyon de Colorado. Tu vois un peu le tableau. Et puis il y a une armada de cuivres, et ça aussi, ça fait la différence. Dès les premières écoutes, on pense à ces bigbands qui accompagnaient le Rat Pack (Frank Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis Jr). Des types en costard, pour la plupart le cul vissé à leur chaise, mais alors bon dieu, ça envoyait du bois ! Et on pense aussi au Brian Setzer Orchestra, pas pour le style évidemment, mais pour la puissance de feu !
Bien sûr, Western Standard Time n’invente pas la machine à cambrer la bananes. Il ne fait que reprendre le répertoire des Skatalites. Mais la formule bigband à elle seule, permet de donner de l’originalité et de la substance au projet. Et de faire sonner cette expériecne de façon personnelle. Parce qu’à part Dancing Mood, personne n’avait réellement envisagé de s’attaquer à un monument pareil en aussi grande formation, même si depuis, le formule semble faire de nouveaux adeptes (le Melbourne Ska Orchestra en Australie).
Sur le dix titres ici présents, rien n’est à jeter, tout est réussi. Les hits « Eastern standard time », « Freedom sound », « Guns of Navarone » ou « Man In The Street » sont d’une redoutable efficacité, et vraiment, ce disque s’écoute avec énormément de plaisir. Mais en même temps, on sent bien que le bigband a pris un minimum de risque en choisissant de réinterpréter des standards de chez standard. A mon avis, l’opération aurait été encore plus belle, plus grandiose, s’ils étaient allés chercher des morceaux un peu moins connus du groupe jamaïcain. Et puis bien sûr, le parti pris de faire jouer ces titres à un big band est judicieux, mais il faut bien reconnaître aussi que du premier au dernier morceau, tout sonne pareil. Alors vous allez me dire « c’est pas grave, chez The Skatalites aussi tout sonne pareil ». Et vous aurez raison, c’est justement ça qui fait qu’un groupe a un style reconnaissable entre mille. Mais peut-être que varier un peu les tempos aurait pu être bienvenu, et faire intervenir une fois ou l’autre un chanteur (une chanteuse), aurait permis de donner de la respiration à l’ensemble (ici, il n’y a que « In The Mood For Ska » qui soit chantée).
Et d’ailleurs, même si on est parfois ensorcelé par les envolées lyriques des cuivres sur « Eastern Standard Time » ou sur « Occupation », on se dit que le groupe ne deviendra une référence que quand il composera sa propre musique.
Western Standard Time, c’est de la vraie musique à l’américaine, avec pléthore de moyens, de musiciens et de technique, du pur ska-jazz de richards taillé pour les show à Las Vegas et pour la scène du Caesar’s Palace, entre un spectacle de Céline Dion et un autre d’Harry Connick Jr. J’imagine que depuis les cieux, Don Drummond, Tommy Mc Cook et Roland Alphonso doivent regarder tout ça avec un petit sourire en coin.
Vince