VICTOR RICE – Drink – Easy Star Records
UN PEU D’HISTOIRE : Inénarrable Victor Rice ! Pas facile de résumer la carrière de celui qui fût bassiste des Scofflaws, jouât dans quelques-uns des meilleurs groupes de la fin des 90’s, comme le New York Ska Jazz ensemble ou les Stubborn Alls-stars et qui développa ses talents de producteurs auprès des meilleurs groupes de l’époque, des Slackers aux Pietasters, en passant par les Toasters, et autres Adjusters.
Il s’installe aux studio Version City de King Django et se frotte au dub, dont il deviendra un experts, travaillant « à l’ancienne », sur les bandes analogiques avec les effets favoris des pionniers du genre. « At Version City », son premier album sort en 99.
Il s’expatrie à Sao Paulo en 2002 et devient un des producteurs/mixeur favoris de la scène mondiale pour une pléthore de groupe, comme Firebug (dans lequel il joue aussi de la basse), les Moon Invaders, The Stingers ATX, plus récemment Johnny Reggae Rub Foundation ou même nos Frenchy de Two Tone Club sur « Turn Off ». Il marque chacun de ces disques de son empreinte. En 2003, il sort son second album « In America » qui instaure son style, entre ska-jazz et multiples influences, Sud-Américaines notamment.
S’il tourne parfois sur scène en mode « Victor Rice Octet » ou « Sextet », que je vous conseille de ne pas rater si l’occasion s’offre à vous, il reste très actif en studio et participe activement aux Easy Star All Star, avec des sorties énormes comme « Dub Side Of the Moon », version reggae du « Dark Side » de Pink Floyd ou « Radiodread », celle du « OK Computer » de Radiohead.
Tissant des liens très forts du coté de la Belgique, c’est avec la bande de Nico Leonard qu’il enregistre « Smoke » son troisième album, qui sort en 2017, appuyé par quelques vieux amis comme Buford O’Sullivan. Le cocktail musique latine/ska est détonnant, absolument maîtrisé et en fait un des tous meilleurs albums de cette année-là.
C’est donc avec beaucoup d’impatience qu’on attendait son successeur, nommé « Drink » enregistré avec une équipe quasi inchangée.
LE DISQUE : Une nouvelle fois, comme avec « Smoke », on a ici à faire à un album 100% instru, le genre de truc qui nécessite quand même quelques écoutes avant de distiller toutes ses saveurs. Mais pour tous ceux qui prendront le temps, ce « Drink » sera tout simplement le meilleur rafraîchissement de l’été !
Je ne vais pas la jouer roi du Chachacha ou caïd de la Bossa, j’y connais que dalle… Juste, histoire d’introduire le sujet, vous préciser que, parfaitement équilibré, le breuvage proposé par Victor Rice et sa bande explose toutes les frontières entre l’Amérique du Sud et la Jamaïque.
« La Mura » qui ouvre le skeud en est un des plus beaux exemples, avec sa rythmique métronomique, son gimmick de sax absolument entêtant, il offre une voie royale aux cuivres qui viennent exploser les papilles comme un Dom Pérignon millésimé.
Plus cool, toujours métissé, le « reggae » « Simão » profite à fond d’une guitare Knopflerienne (jackpot au scrabble) absolument fabuleuse pour nous embarquer loin, très loin.
Quoi de plus beau qu’un titre comme « This Is Fine » pour les soirées d’été, avec son skank de claviers 100% pur Rice et ses vents qui déroulent des solos plus fins les uns que les autres, ou bien que le groove lascif et légèrement funky de « Five » ?
Plus musclé, mais non sans délicatesse, avec son piano très jazzy virevoltant et des parties cuivre plus pointues, « Bebida » rappellera le Quincy Jones période soul bossa sans avoir à rougir à côté du maître.
Y’a des ska beaucoup plus classiques aussi, mais tous avec cette touche de simplicité désarmante qui font les hits. Du costaud avec « The Demander » où les vents jouent les gros bras sur une rythmique hypnotique, de l’enjoué aussi, avec « Because I Can » au chorus lumineux ou bien du très léger et mélancolique avec « Madrid », bien souligné de quelques saillies de guitare parfaites.
« Time To Go » conclut tout naturellement l’album en mode ska dubbé fabuleux, typique de l’œuvre de Victor Rice, qui vient, en dix titres encore une fois impeccables, nous démontrer qu’il est définitivement un des grands bonhommes de la scène ska/reggae mondiale. Merci pour ça !
Bronsky