Rude Boy Train

BOSS CAPONE MEETS GEORGE DEKKER (FEAT PATSY)-BLACKFIRE-AGGROBEAT RECORDS

UN PEU D’HISTOIRE : On ne présente plus Boss Capone, le combo aux tendances early/skinhead reggae, mené par l’Upsession Boss Van Trigt, qui distille sans complexe depuis 2013 des perles du style en mode résolument vintage qu’on adore.

On précisera quand même que l’année dernière, son association avec Pasty sur « Kings & Queens » nous a offert probablement le meilleur album de 2023, en tous cas, un des tous meilleurs.

A peine un an plus tard, voici donc déjà de retour Boss Capone, avec cette fois ci une double connexion, encore une fois avec Patsy, ce qui promet, mais aussi avec George Dekker le demi-frère de Desmond, connu, excusez du peu, comme membre de Starvation, des Slickers, des Tennors et des Pioneers… Voilà qui plante sérieusement le décor de ce « Blackfire » édité chez Aggrobeat Records!

 

LE DISQUE : Il y’en a qui ne déçoivent jamais ! Je le disais à propos de Nico Leonard la semaine dernière, eh bien c’est aussi le cas avec Boss Van Trigt et ses comparses.

Le premier titre de cet album collégial, « Mother Bang Bang », assuré au lead par George Dekker en est le parfait exemple : derrière son évidente simplicité, le skin reggae regorge d’un tas de bons plans : une rythmique obsédante, le petit gimmick marquant d’Hammond et des chœurs carrément bien foutus, soulignants avec discrétion et élégance le texte du vétéran, qui, malgré quelques fragilités touchantes, semble rester dans de belles dispositions.

« Woman You A Scorpion », déjà entendue en live sur la dernière tournée du duo Boss & Patsy, sent bon aussi les 60’s, un groove à te décrocher la nuque, un refrain fun avec ses choeurs naïfs et la petite pointe de mélodica qui fait la différence.

Y’a un peu de reggae plus roots sur cet album, comme ce « Rosemary », deuxième titre interprété par George Dekker qui fait bien l’affaire avec ce skank de claviers bien appuyé.

Mais le gros du skeud est bet et bien early et skin reggae, et si l’on pourra concéder l’homogénéité certaine de ces douze titres, il y a toujours ici la bonne idée, le petit plus « à la Batave », l’arrangement qui fait la différence : un simple riff de guitare tout en reverb sur « Helea », une guitare lead qui vient surfer avec malice sur la rythmique de « Don’t mess It Up, Caroline » ou des percus bien choisies et un melodica inspiré sur « Diamonds, Rubies & Pearls »…

Et puis et surtout, il y a ce formidable boulot sur les voix toujours complétés par des chœurs vaporeux du plus bel effet, en solo féminin superbe pour Patsy sur « The Lion Catch The Fly », en mode solo masculin pour le Boss, avec tout l’aplomb qu’on lui connait sur « Poison Ivy », en duo parfait sur « I’ve Got To Bite The Dust » toujours relevé  par cette pointe de melodica décidemment omniprésent ou bien encore en trio avec le retour de George Dekker sur l’explosif « Blackfire (VS Apollo 14) » au riff de guitare saturée façon électro vraiment tip-top et ses parties scandées en mode DJ carrément géniales.

A peine un an après « Kings & Queens”, Boss Capone et Patsy nous reviennent toujours aussi inspirés. Avec en renfort de choix le vétéran George Dekker qui assure bien plus ici qu’on rôle de figurant, le trio ainsi constitué, à grand coup de compos bien solides encore une fois arrangés avec un goût très sûr pour le son vintage reggae nous régale une fois de plus ! Thanks !

 

Bronsky

RUDE BOY TRAIN’S CLASSICS – PRINCE BUSTER-ROLL ON CHARLES STREET – ROCK-A-SHACKA

« Rude Boy Train’s Classics », c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac’ de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! 

UN PEU (BEAUCOUP) D’HISTOIRE : A-t-on besoin encore ici de présenter Prince Buster ? Cecil Bustamente Campbell de son vrai nom, après avoir trainé pas mal avec des bandes de son quartier, se met à la boxe et se trouve embauché comme videur par Coxsone Dodd, pour lequel il détectera ensuite les bons titres avant de finir «selector » derrière les platines. Il se lance solo dès 57 en ouvrant son premier magasin de disques, et quitte Coxsone pour monter son propre sound system, « Voice Of The People », basé sur Charles Street. En parlant au-dessus de ses galettes, il devient un des précurseurs du DJing.

Dans la guerre des sounds, comme ses farouches concurrents, et après avoir été pêcher ses disques aux Etats Unis, il se lance dans l’enregistrement de ses propres titres, avec « Oh Carolina » par les Folkes Brothers en 1960. Excellent chanteur, il enregistre une tripotée de hits, accompagné du groupe de Baba Brooks ou bien des Skatalites, et produira un nombre impressionnant d’artistes dont Derrick Morgan, Owen Gray, Stranger Cole, Don Drummond, Tommy Mc Cook ou bien encore les Maytals. (suite…)