Rude Boy Train

VICTOR RICE – Smoke – Easy Star Records

UN PEU D’HISTOIREVICTOR RICE, personnage incontournable de la scène ska, rocksteady, reggae US, s’était fait repérer au mitan des années 90 dans le sillage de ses potes Slackers, à l’époque de « Better Late Than Never ». Mais le gars ayant la bougeotte, il décide de promener sa basse et son clavier du côté des Stubborn Allstars, de produire ou de participer à des tas d’albums de tas de groupes (Adjusters, Toasters, King Django, Rocket T, Crazy Baldhead…) avant de signer un premier album studio, « At Version City », sur Stubborn Records en 2000.

Il travaille ensuite avec Dr Ring Ding & TSA sur « Pick Up The Pieces », puis il part s’installer au Brésil (à Sao Paulo) et enregistre « In America » en 2003, avec des potes comme Larry Mc Donald, Victor Axelrod, Jayson Nugent, Rolf Langsjoen… c’est à dire la crème de la scène de la grosse pomme (le disque est enregistré entre Brooklyn de Sao Paulo). Le gars travaille ensuite avec Yellow Umbrella, Open Season, Mr T-Bone, PannoniaASSO… devient un producteur de classe mondiale pour le son jamaïcain, et dubbe à peu tout ce qui lui passe sous la main. 

A Brésil, il joue avec Firebug et tourne avec son Strikkly Vikkly DubSystem. Difficile d’être exhaustif avec un gars comme Victor Rice tant il se plait à multiplier les projet ici ou là. Son troisième album sous son propre nom, « Smoke », est sorti à l’automne 2017 chez les New-Yorkais d’Easy Star Records.

LE DISQUE: Alors forcément, pour son nouvel album, Victor Rice a oublié de s’entourer d’une équipe de charlots. Quand on est une peu habitué à écouter ce style de musique, on repère rapidement la patte de l’équipe Carolo/Moon (quatre membres sont ici présents), avec une prod au Pum Pum Hotel de Charleroi (qui est aussi devenu un haut lieu de la bonne musique jamaïcaine). Bref, y a une sacréedream team derrière (on citera aussi Mr T-Bone et Tommy Tornado), et pas la moindre sortie de route sur ces (seulement) 10 morceaux. 

C’est entièrement instrumental, donc à la première écoute on n’est pas forcément embarqué direct dans le délire, mais alors dès qu’on s’y met sérieusement, c’est tout simplement irrésistible. Le disque commence dans le calme avec « Lou », reggae syncopé à la Victor Rice, plein de finesse et avec une groove énorme, et toujours une prod qui pour pas grand chose pourrait basculer du côté dub de la force. Mais le gars reste dans les clous on suppose sans se faire trop violence, et enchaîne avec un pur ska, « Tema », au rythme bien soutenu et à la mélodie juste imparable. J’attendais pas vraiment le gars sur ce terrain-là, mais je dois reconnaître que c’est totalement réussi et que ça ne serait pas une mauvaise nouvelle si d’aventure il lui prenait l’envie d’enregistrer un album de « simplement » ska.

Difficile aussi de résister à l’originalité de « Turn », au tempo assez inclassable, avec ces notes de piano qui reviennent encore et encore, ou à « Bermuda Triangle », qui tourne en boucle pendant une minute avant de partir en solos. C’est très classe, magnifiquement produit, et si l’ensemble,  toujours instrumental, a des airs un chouïa easy-listening, on est conquis par la qualité des arrangements et par la manière très fine avec laquelle Victor Rice nous ressort les différents sons jamaïcains qu’il a parfaitement digérés.

J’adore « les deux versions de « Motion Study », j’adore le contretemps de « Mr Brooks », le groove profond de « Party Line » et le clame de The Dream », mais c’est « Fumaça » qui emporte le pompon, avec ses airs latino-américains qu’on croirait sortis à la fois d’un album de Joao Gilberto, de Lee Perry et de Monty Alexander.

« Smoke » est un album magnifique, et Victor Rice un artiste à redécouvrir absolument.

Vince

 

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