AARON FRAZER – Into The Blue – Dead Oceans
UN PEU D’HISTOIRE: AARON FRAZER, c’est le batteur/chanteur originaire de Baltimore, installé à Brooklyn, qui officie du côté de Durand Jones & The Indications. Son univers est forcément soul, rhythm’n’blues, parfois un peu psyché, et son premier opus en solo, « Introducing… », produit par Dan Auerbach (The Black Keys) était tout simplement merveilleux.
Le voilà qui récidive, toujours sur Dead Oceans (le label de l’Indiana), avec un second opus, « Into The Blue » sorti cet été, et une tournée européenne dans la foulée.
LE DISQUE: Attention, grande voix. Ceux qui écoutent Durand Jones & The Indications savent que le gaillard vole souvent la vedette à son pote de chanteur. Sa voix est perchée, sa voix est sublime, et son coup de baguette n’est pas vilain non plus. Le type a un gros feeling pour sortir de la soul de qualité, un peu comme Roberto Sanchez quand il faut balancer du gros son blue beat. (suite…)
LE BIRRETTE-WANTED-AUTOPROD
UN PEU D’HISTOIRE : Chez Rude Boy train, on aime bien Le Birrette, et pas seulement parce que derrière ce nom quelque peu curieux se cache un groupe 100% féminin ! Non, aussi parce que les Italiennes, depuis 2017 et la sortie du 45 tours Mr A./Blues Skies nous régalent avec leur mix très cool de ska, de reggae et de rocksteady produit en mode DIY. Si la prod n’a jamais été énorme, les compos sont toujours d’un bon niveau et les reprises tiennent la route. Après un premier album nommé naturellement « Gal Songs Only » en 2018, un single chez Guerrero Records puis deux autres tout aussi fameux chez les compatriotes d’Aloe Vera Records et une tripoté de d’excellents sets un peu partout en Europe, les revoilà donc avec ce « Wanted », encore une fois auto-produit.
LE DISQUE : C’est toujours avec plaisir qu’on accueille une nouveauté du Girls band de Bologne Le Birette, et ce n’est pas « Afro Blue » qui ouvre ce nouvel album qui va changer la donne ! Il faut dire qu’il faut avoir du culot pour piquer dans l’assiette à la fois du percussionniste Mongo Santamaria et de Jackie Mitoo, pour shaker le tout et nous en sortir ce rocksteady vaporeux, tout en finesse, avec ses harmonies vocales parfaites, un vrai régal.
Alors Malheureusement, c’est un peu moins convaincant quand elles s’attaquent à de la cover pure et dure comme celle du « Rock A Shaka » D’Hopeton Lewis, du « Hard Man Fe Dead » de Prince Buster qui semblent malgré une révérence évidente, quelque peu scolaires. Celle de l’instru « Mun Dun Gu » de Cedric Im Brooks est déjà plus séduisante, tout autant que celle en mode rework du « Drum Song » de Jackie Mitoo, nommée ici « Broken Jar », planante à souhait en version légèrement dubbé avec ses ajouts vocaux réussis. C’est même plutôt vraiment cool sur la version funky reggae du « Rocksteady » d’Aretha Franklin, même si on aurait aimé si ça avait envoyé un peu plus.
C’est par contre toujours vraiment excellent sur les compos. Le ska 60’s léger « Music Is My Power” est délicieux avec des cuivres et des chœurs impeccables. Un poil plus ombrageux, « What We Feel » est du même niveau : une compo vocale vraiment tip-top avec des arrangements de chœurs travaillés et des cuivres inspirés.
La petite perle du disque sera pour moi certainement le rocksteady «Let’s Keep Dancing », régal de volupté au piano léger sur lequel le trio vocal fait feu de tout bois pour un titre qui donne envie de se blottir tout contre son être cher au coin du feu.
Alors évidemment, on aurait aimé un peu plus d’envergure au niveau du son, mais ce côté très « fait maison » fait aussi tout le sel de la musique de Le Birrette ! Avec ce « Wanted » réussi, rempli d’hommages respectueux et de bonnes et belles compositions, le gruppo di ragazze Bolgnesi nous propose un album très recommandable qui fera le bonheur de plus d’un par chez vous ! Rude Boy Train lo adora !
Bronsky
GRAMOPHONE ALLSTARS-WE’LL BE AROUND-BANKROBBER
UN PEU D’HISTOIRE : Le Gramophone Allstars, c’est le groupe Espagnol qui officie depuis la fin des années 2000 dans un registre ska-jazz matinée de soul et de funk qui alternait à ses débuts entre compos et reprises, avec tout le talent que l’on peut reconnaitre à pas mal de groupe de la péninsule Ibérique en la matière. En 2014, ils prennent un virage « Big band » avec leur album « Jazzmaica », en élargissant leur effectif à une quinzaine de membres et en se reconcentrant sur des réinterprétations plus de des reprises, version ska et rocksteady et même encore un peu funk de grand classiques de la musique « noire » dans son ensemble, avec plutôt pas mal de réussite.
On vous avait parlé ici aussi de « Maraca Soul », leur 5eme album sorti en 2017, lui aussi plutôt cool, même si l’on pouvait parfois émettre quelques réserves sur certains choix d’arrangements, défaut possible dans le domaine de la réorchestration de tubes… L’ensemble restait tout de même très convaincant, plus en tous cas que « Call Your Friends » qui arriva en 2023, surtout parce que c’était bien plus funk que ska et reggae et pouvait nous laisser plus insensibles.
Les revoilà donc avec un nouvel opus nommé « We’ll be Around », beaucoup plus Jamaicain, pour notre plus grand plaisir ??? Voyons donc voir !
LE DISQUE : On pourra toujours palabrer des heures sur le bien fondé de reprendre tel ou tel immense classique, surtout en « repeignant » presque tout, du sol au plafond, comme en est capable, et ce n’est pas le moindre des labeurs, le Gramophone Allstars.
Mais force est de constater que ça matche parfaitement sur « I’ll Be Around » des Spinners, délicieusement rocksteady, aux arrangements de voix et de cuivres assez somptueux, même si on regrettera encore un peu un final en mode funk assez dispensable.
Derrière ça, on a le droit à une seconde perle avec la cover du « Let Get it On » du grand Marvin, là encore rocksteady grand or, à la rythmique dans son plus simple appareil, congos et piano légers en tête, et un travail encore une fois de très haut niveau sur les réarrangements voix et cuivres.
Coté ska, les reprises font dans le grand classique, trop peut-être ?
Si la version du Dance Crasher » d’Alton Ellis est plutôt fidèle à l’originale et assez excellente, avec un ping pong génial entre cuivres et vents, que celle de « Old Rocking Chair » de Jackie Opel ne l’est pas moins, réorchestrée avec goût, avec quelques moments de virtuosité dans le domaine, on trouvera par contre le « Shame & Scandal » plus dispensable même si ça reste du beau travail.
Même remarque pour le « The Harder They Come », pas mal foutue, avec toujours des cuivres diablement funky, mais pas forcément essentielle.
On aimera finalement tout autant les compos qui viennent compléter l’album avec quatre beaux instrus déjà parus sur « Love Letter », leur EP hommage aux Skatalites sorti en 2020. Que ce soit le ska « Marina Ginestà », le suave rocksteady « Supersonic », le très latino « One For Lola » ou le boogaloo « Storm On Silicon », tous bénéficient d’une belle compo et d’une mise en musique de la plus grande des finesses.
« Rock Sweet Rock », le dernier original du disque, calé entre cha-cha et rocksteady est purement délicieux, proche des perles des compatriotes de The Oldians, même si une nouvelle fois on voit surgir de nulle part le « Love & Affection » des Wailers en final, au demeurant très joli, mais sans que ça ne paraisse plus indispensable que ça.
Bon, on va pas non plus faire la fine bouche, « We’ll Be Around » est un très bon disque a écouter d’urgence, à moins d’être vraiment allergique aux musiques jamaicaines en mode Big Band. Tous les autres pourront se délecter d’un vrai beau moment musical, qui devrait séduire bien au-delà de notre petite scène, tout simplement
Bronsky
THE SLAPSTICKERS-SILVERBACK-SMITH & MILLER RECORDS
UN PEU D’HISTOIRE : Bientôt trente ans que les Slapstickers nous envoient leur bon ska revival inspiré des Toasters ou des compatriotes de Busters.
Dès la sortie de leur premier album « Nine Cowboys From Outta Space: Ska Invasion » en 98, le groupe démontre un sacré savoir faire avec ses compos variées et solides bénéficiant à plein pot d’une section cuivres vraiment costaude.
Pendant une vingtaine d’années, ils seront un des fers de lance de la scène Germanique, assurant des premières parties de prestige comme les Skatalites ou Madness.
Avec six albums au compteur, autoproduits depuis le début, ils fêtent leur 20 ans avec la sortie d’un mini-album assez cool en mode Big Band avec l’appui des Swingcredibles.
On les avait depuis un peu perdu de vue et c’est non sans une certaine curiosité qu’on a accueilli la nouvelle d’un nouvel album à l’horizon des 30 ans du groupe.
LE DISQUE : Après près de 30 ans de carrière, que peut bien nous proposer en 2024 un groupe comme The Slapstickers ? Eh bien sans grande surprise du bon revival comme on l’aime ! « Silverback » qui ouvre l’album en est un superbe exemple : le two tone nerveux est joué pied au plancher, avec forcément des cuivres puissants et impeccables, un chant qui alterne à merveille sur tous les tons et un final bien hargneux, toutes guitares dehors. « You Again », cover assez parfaite des Hotknives bénéficie plein pot de la superbe compo d’origine, mais est reprise avec brio par une formation dont le lien de famille parait ici évident.
Le groupe sait aussi varier les plaisirs avec notamment l’excellent reggae « Riding », topissime, avec son chorus de cuivre impérial posé sur une rythmique non moins magistrale et ses parties vocales particulièrement bien arrangées. Sa version dub en fin de skeud n’est pas moins fameuse.
Ca sait aussi parfaitement y faire quand ça tourne plus en finesse avec un excellent sens du swing comme sur « No More Worries » qui balance du feu de dieu, avec des cuivres virevoltants vraiment convaincants ou bien sur « Play It Safe » qui appuie un peu plus sur le champignon, avec notamment une fin tonitruante vraiment excellente.
Le reste de l’album est à l’avenant, c’est-à-dire de haut niveau , avec « Out There » qui en jette carrément avec son piano infernal ou bien « The System », un gros two tone bien teuton et bien fun avec un excellent break reggae dedans.
Et ce n’est pas la reprise plutôt bien foutue d’ « Enjoy The Silence » et son refrain puissant qui viendra changer la donne, The Slapstickers, avec ce « Silverback » sans bavure, fameux du sol au plafond, signent un superbe retour dans le giron des trop rares groupes revival qui comptent.
Bronsky
THE CALAMATIX – The Calamatix – Hellcat Records
UN PEU D’HISTOIRE: Mine de rien c’est pas tous les jours qu’on dégote un nouveau groupe qui va bien. On a donc été heureux d’apprendre en début d’année que Hellcat Records, le label qu’on adore mais qui n’est plus aussi prolifique qu’avant (c’est la crise ma bonne dame) avait dégoté THE CALAMATIX.
Le quatuor emmené par Joy vient de Ventura en Californie, il joue un peu toute la musique jamaïcaine, et à la composition et à la prod, on retrouve un certain Tim Armstrong.
Un poignée de single balancés cette année et bim, voilà le premier album publié il y a une paire de semaines.
LE DISQUE: J’en vois déjà qui vont dire que ça ressemble à The Skints. La faute à la dégaine de la chanteuse, au fait qu’il s’agit d’un quatuor, et la musique, c’est vrai aussi un peu. (suite…)
BIG BOSS SOUND-THE LOAFER RIDES AGAIN-LIQUIDATOR MUSIC
UN PEU D’HISTOIRE : On avait découvert grâce à Toni Face du label Liquidator la formation Big Boss Sound à l’occasion de la sortie de son premier opus « Return Of The Loafer ».
On avait découvert aussi pour le coup que se cachait derrière ce groupe Nasser Bouzida, ancien batteur des Loafers maintenant multi-instrumentiste qui officia pendant près de vingt ans dans les formations Big Boss Man, un quatuor à la funk groovy et psyché dans lequel il assurait tous les instruments à l’exception des vents, des guitares et basses, puis dans The Bongolian, une autre formation tout aussi funky, où il semblait carrément gérer la quasi-totalité des instruments, à l’exception des cuivres…
On pourra aussi le retrouver aux crédits percus de plans assez aussi cools du genre Pama International, Phoenix All Stars ou même sur les albums de Prince Fatty. (suite…)
INTENSIFIED-HANG FIRE (Randale records)-DOWN THE BACK OF THE SOFA (Mad Butcher Records)
UN PEU D’HISTOIRE : Bientôt 35 piges que les Britons d’Intensified nous régalent de leur vision subtil de la musique Jamaîcaine, ça fait une sacré paie !
La bande de Folkstone, menée par Steve Harrington à la Guitare et Paul Carter au chant s’est donc montée dès 1990, avec comme première œuvre discographique, deux EP sortis sur cassettes nommés « Tense « et Karnival,, en 1991, avec en tout et pour tout 9 titres…
On vous fera grâce du reste de l’historique que vous pouvez retrouver ici sur d’autres chroniques, mais toujours est-il que voilà plus de trois décennies et cinq albums que les Anglais forgent leur réputation de groupe emblématique de la scène ska-reggae mondiale, à coup de compos géniales et d’interprétations magiques.
Revoilà donc Intensified pour un double kick, avec non seulement un album, le sixième officiel nommé « Hang Fire », lancé depuis deux semaines chez Randale Records, mais aussi, cadeau bonus, une compilation soit-disant de titres rares et non publiés nommée « Down Back The Sofa », cette fois ci édité par Mad Butcher, qui ressemble à s’y méprendre à un véritable second album, filous qu’ils sont ! (suite…)
SKA… SKA… SKANDAL ! VOL 7 – PORK PIE RECORDS
UN PEU D’HISTOIRE: C’est une tradition et un grand classique de la scène teutonne : les compilations Ska…Ska…Skandal de Pork Pie, le label avec un chapeau, qui ont fait toute mon éducation musicale au début des années 90.
A l’époque, l’ambiance était presque toujours revival boum boum. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus varié, à l’image des groupes allemands. Car oui, ce 7e volume est à nouveau entièrement dédié à nos amis d’outre-Rhin, contrairement au 5e qui s’était un peu ouvert à l’international.
Mais dites-moi, ça donne quoi le ska allemand en 2024 ?
LE DISQUE: Comme je le disais plus haut, la réponse est variée. Des groupe des 80’s, des groupes de 90’s, des années 2000, 2010 et 2020. Du ska 60’s à la cool, du rocksteady, du skinhead reggae, du two tone, du son qui tabasse… (suite…)
BANDITS-3-LIQUIDATOR MUSIC
UN PEU D’HISTOIRE : Bandits, c’est le groupe Espagnol de Castillo qui fait tourner depuis plus de vingt cinq ans ses belles ritournelles 60’s, qu’elles soient reggae, ska ou rocksteady.
Sans surprise, les neufs musiciens maitrisent parfaitement leur sujet et c’est non sans un certain plaisir qu’on a accueilli l’annonce de leur retour discographique pour ce nouveau Lp nommé sobrement « 3 », dix ans après leur dernier Opus « Algo Especial », le tout chez Liquidator Music, toujours fidèle au poste lorsqu’il s’agit de promouvoir l’excellence locale, forcément !
LE DISQUE : Ahhh l’Espagne !!! Y’a clairement pas qu’en terme de débordement sur l’aile et de conservation du ballon qu’ils excellent ! C’est particulièrement le cas sur le plan des musiques Jamaïcaine où l’on ne compte plus depuis bien longtemps le nombre de groupes assez formidables qu’elle a engendré… Revoilà donc, ressurgis du diable vauvert ces Bandits qu’on avait un peu oubliés. (suite…)
THE SKA FLAKES-I DO IT EVERYDAY-TARANTULA RECORDS
UN PEU D’HISTOIRE: Si Le Havre a toujours eu la réputation d’une ville rock, elle n’a jamais été tellement ska, ni plus reggae, ayant seulement donné le jour à quelques groupes ayant tendance à fusionner les trois styles sus-nommés. On a bien eu une dizaine d’année Le Ska Cover Klub, une chouette formation reprenant efficacement des gros classiques de toutes époques, qui avait brillement assuré des premières parties prestigieuseS comme celle de 8°6 Crew ou les Slackers, mais cela restera sans suite.
Il a fallut le déménagement de Laurent Watteel aka Lord Guns, ex leader de Bizness, le groupe Dieppois des années 90 qui avait notamment sorti un split album avec les débutants Los Tres Puntos chez NoCo, le label de Skarface, dans la citée océane pour que le tir soit enfin corrigé. Après la rencontre avec Regis Redge Broussin, musicien local touche à tout et grand fan de ska, ils fondent Mr Speaker Ska qui se contente de monter un set de reprises, plutôt solide, mais qui ne survivra pas aux envies opposées de plusieurs membres. (suite…)